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#188 | 22 avril
 
 
 
A propos des « vermines » (et en soutien à Gaspard Glanz)
 

Frédéric Lordon



Dans le monde renversé, et délirant, du néolibéralisme fascistoïde, les offenses en mots ont plus de réalité que les offenses aux corps. Des mains sont arrachées, des yeux éclatés, des vies brisées, et cependant personne n’a encore traité de « vermines » Macron, Castaner et Nunes qui donnent les ordres. Doublement vermines, dirait-on si l’on allait par-là, qui, dans des scènes proprement dystopiques, se rendent dans les écoles pour expliquer aux enfants qu’on ne tire qu’au torse et aux bras – pendant qu’ils laissent viser les têtes.

 
 
 
 
 
Notre-Dame de Paris brûle. Ça alors.
 

Si seulement vous pouviez vous rappeler que Pierre n’est pas juste un caillou mais un apôtre avec des mots dedans.



Notre-Dame de Paris brûle. Ça alors.
Allez c’est parti. J’allume l’internet et je mets BFM. 
Dieu que c’est beau. Oh je ne devrais pas le dire comme ça...
Les flammes qui se dessinent dans la nuit.
Franchement c’est pas n’importe quoi.
Jack Land du haut de son Institut du Monde Arabe sirote un mojito en dessinant le plan pour l’avenir de la cathédrale.
Stéphane Berne pleure en ouvrant une cagnotte.
Ça y est elle est encore en train de brûler que François Pinault il sort le chéquier.

 
 
 
 
 
Chères lectrices, chers lecteurs,
 

lundimatin a besoin d’argent



Nous ne savons jamais trop comment vous en demander, notamment parce que nous imaginons que la grande majorité d’entre vous n’en jette pas tous les matins par les fenêtres. C’est aussi lié à notre ligne éditoriale un peu atypique et que vous commencez à connaître. Ce que nous cherchons à produire c’est de l’intelligence collective, une perception partagée du monde qui nous entoure ; nous parions donc sur le contenu des articles que nous publions, la façon de les agencer, la manière de les signer ou non, plutôt que sur l’identité réelle ou supposée de notre petite équipe. Lorsque des confrères d’autres médias nous sollicitent pour parler de « nous », nous refusons systématiquement, non pas par fausse pudeur ou goût du secret mais parce que notre fonctionnement comme nos biographies nous paraissent sans intérêt. La meilleur manière de savoir ce qu’est lundimatin reste de nous lire.

 
 
 
 
 
« Un communisme plus fort que la métropole » (1/3)
 

Partie 1 : Quand j’entends le mot « culture »



Il est, parmi les menées gouvernementales, des offensives si sournoises et si muettes qu’on ne les atteste vraiment qu’au moment où se dresse contre elles la révolte ouverte, populaire, incendiaire. La métropole, ou plutôt le « processus de métropolisation », est de ces offensives. Avant les gilets jaunes, la métropole fournissait un thème de dissertation urbanistique ou sociologique marginal, dont le sérieux même restait sujet à caution. Depuis les gilets jaunes, c’est un fait politique. Il suffit de voir comment réagit l’humanité métropolitaine chaque samedi que les « gueux » envahissent ses centres-villes vitrifiés, à Bordeaux, à Toulouse ou à Paris, pour ouvrir les yeux sur une sourde offensive de vingt ans, et ses résultats. Une certaine façon de vivre, qui s’est crue l’apogée de la civilisation parce que la plus artificielle, la plus précieuse parce que la plus fragile, à qui l’on a raconté qu’elle incarnait le rêve réalisé de tout un chacun, et qui l’a cru, découvre effarée la détestation qui la cerne. Et elle déteste en retour copieusement ces gilets jaunes qui viennent briser son monde d’illusions périssables. Non seulement toutes ces formes de vie en jaune, réputées archaïques, presque disparues ou ayant en tout cas vocation à être dépassées, demeurent, et n’ont pas honte d’elles-mêmes, mais en outre elles ne comptent pas se laisser métropoliser. À les voir persister, vient même le doute que ce ne sont pas elles qui sont l’aberration, mais peut-être cette civilisation même qui aura livré avec la métropole son dernier fruit amer.

La critique de la métropole n’est pas neuve, et il peut être intéressant pour éclairer l’actualité d’un jour inattendu, de se remémorer quelques textes oubliés. Des abysses des internets, nous en avons remonté trois, tous issus d’un recueil anonyme intitulé La fête est finie, publié à Lille en 2004. Il s’agissait manifestement pour ses auteurs inconnus de ne pas laisser sans réponse l’offensive urbanistique de métropolisation intitulée « Lille-capitale-européenne-de-la-culture ». Le contenu des trois textes que nous avons sélectionnés n’est pas sans rappeler, étrangement, certains passages de L’insurrection qui vient, ou un développement de thèmes esquissés dans la revue Tiqqun. Le premier, intitulé de manière provocante « Quand j’entends le mot culture », constitue l’article d’ouverture du recueil. Le voici.

 
 
 
 
 
La Trique, le pétrole et l’opium - Laïcité, capital, religion
 

Entretien avec Ivan Segré à propos de son dernier livre



La Trique, le pétrole et l’opium - Laïcité, capital, religion vient de paraître aux Editions Libertalia. Nous avons envoyé quelques questions à Ivan Segré afin qu’il nous présente son plus récent ouvrage.

« La seule philosophie laïque du vivre ensemble qui paraît avoir fait ses preuves, c’est donc celle du marché, où la liberté d’acheter et de vendre est égale pour tous, l’argent n’ayant ni odeur, ni ethnie, ni confession. Serions-nous donc, une fois dissipée l’illusion d’un amour universel du prochain, condamnés à cette alternative : la solidarité identitaire ou l’individualisme marchand ? »

 
 
 
 
 
À Saint-Nazaire : « on réapprend à construire ensemble »
 

Retour sur la deuxième Assemblée des assemblées à Saint-Nazaire (5, 6, 7 avril)



Les 5, 6 et 7 avril derniers se tenait à Saint-Nazaire la deuxième « Assemblée des assemblées » des Gilets jaunes après celle de Commercy en janvier. L’article qui suit est un compte-rendu partiel de ces rencontres qui en tire un bilan enthousiaste (« ce week-end fut historique ») quoique mitigé. Mais lorsqu’il évoque les « limites » et les « déceptions », l’auteur les intègre malgré tout à un long processus : « la démocratie doit se concevoir comme un apprentissage douloureux ». Pourtant, d’après les échos qui nous viennent d’autres sources, il semblerait que ce soient au moins en partie les formes même de la démocratie qui aient rendu ces quelques jours douloureux : obsession du vote, formalisme exacerbé, présence massive de militants aguerris, etc. Si nous pensons qu’il est vital pour le mouvement des Gilets jaunes de pouvoir s’organiser à l’échelle nationale autrement que par les canaux virtuels (facebook, telegram, etc), il nous semble un peu triste que ce processus, par bien des aspects, s’en tienne à reprendre les codes de la démocratie que l’on connaît : des représentants, élus, qui votent des textes et s’enlisent dans des conflits que plus personne ne comprend. Quel besoin y avait-il, par exemple, de voter une charte des Gilets jaunes à Saint-Nazaire ? Que vaut une telle charte, aux yeux de qui vaut-elle quelque chose, qu’apporte-t-elle dans le combat qui est en cours ? Pourquoi ne pas simplement profiter de ce genre de moments pour échanger sur les différentes situations locales, se forger une perception plus aigüe de l’état du mouvement et de ses différentes composantes et coordoner éventuellement quelques actions pertinentes ?

 
 
 
 
 
« La France est une religion »
 

Notre-Dame, l’État-nation et l’histoire de France



«  Sacre de Napoléon, obsèques de Mitterrand... Notre-Dame de Paris, 850 ans d’histoire », titrait Le Monde le 16 avril. Tout le monde le dit et le répère : Notre-Dame est au coeur de "notre" histoire, de "notre" littérature et cela vos bien qu’on donne tout "notre" argent pour la reconstruire. on peut trouver ça scandaleux mais on peut aussi le prendre au sérieux : c’est ce que fait cet article en essayant de souligner de quelle histoire Notre-Dame est le coeur. Bonne lecture.

 
 
 
 
 
Assemblée générale des Gilets Jaunes de l’Oise
 

Intervention de la sociologue Odile Henry à propos de la destruction méticuleuse des services publics



Mardi 16 avril 2019, se tenait à Clermont la première assemblée générale des gilets jaunes de l’Oise qui a réuni plus de 400 personnes.
Au moment où Emmanuel Macron feint de déduire du Grand Débat la nécessité de démanteler encore davantage les services publics, la sociologue Odile Henry y est intervenue pour évoquer cette destruction méticuleuse depuis une trentaine d’années dans le cadre de « la mise en œuvre du programme néolibéral ». Nous publions ici le texte de son intervention.

 
 
 
 
 
R-Appel d’offre (avant le 1er mai)
 

Brigades d’Action Cinématographiques



En décembre dernier, nous publiions un appel des Brigades d’Actions Cinématographiques à destituer le cinéma qui revendiquait « l’impérieuse nécessité d’utiliser le cinéma comme une arme et une pratique au service de la lutte » pour inciter à la production de vidéos « pour saisir l’Histoire Populaire ». Depuis, nous avons reçu et publié de nombreuses contributions venues de plusieurs villes de France ainsi qu’un appel des B.A.C à saboter un concours étudiant aux consignes absurdes sur le thème de la révolution. Comme la date limite de ce concours arrive vite (1er mai), voici un petit rappel. En bonus, nous remettons également les quelques contributions et vidéos de la B.A.C. que nous avons déjà reçues.

 
 
 
 
 
La Recomposition des mondes - Alessandro Pignocchi
 

[Bonnes planches]



La bande dessinée La recomposition des mondes d’Alessandro Pignocchi vient de paraître aux éditions du Seuil, anthropologie dessinée de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, nous en proposons ici les bonnes planches.

 
 
 
 
 
ZAD : De la cabane sur l’eau
 

Épilogue - « Ce qui doit arriver un jour peut arriver aujourd’hui »



Nous avions parlé à la fin de l’été dernier de la cabane sur l’eau construite sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes quelques mois après que la préfecture ait détruit la quasi totalité des constructions hors normes qui faisaient la richesse et la particularité du mouvement d’occupation. Nous en avions aussi diffusé une chronique au milieu de l’hiver. C’est l’épilogue que nous publions aujourd’hui.

 
 
 
 
 
Les soulèvements de la terre 
 

Un cycle de réflexion sur l’écologie au mois de mai à Rennes



Au mois de mai prochain, nos amis de la Maison de la Grève et des membres du collectif « terrestres », à Rennes, organisent un cycle de réflexions sur l’écologie et les luttes qui la traverse. Le week-end du 11-12 mai sera particulèrement chargé puisqu’auront lieu des interventions et des débats portant sur trois axes principaux : la guerre des écologies, le dépassement de l’oppostion entre Nature et Culture et les luttes écologiques. Nous relayons ici leur invitation ainsi que trois textes, un par semaine, permettant d’introduire à la réflexion autour de chaque axe. Cette semaine, voici donc l’introduction générale ainsi que la présentation du premier axe intitulé « La guerre des écologies ». Vous pouvez retrouver toutes les informations pratiques et détaillées à propos du cycle sur le site de la Maison de la Grève et en pdf.

 
 
 
 
 
Lettre ouverte d’un gilet jaune aux amateurs de football en général...
 

...et aux supporters du Stade Rennais et du Paris Saint-Germain en particulier à l’occasion de la finale de la coupe de France de football, le samedi 27 avril 2019.



Un appel à ce que les supporters du Stade rennais et du Paris Saint-Germain marquent la finale de la Coupe de France par « une commune et unanime désapprobation » vis-à-vis de la politique du président Macron.

 
 
 
 
 
Noailles vs Notre-Dame
 

humains versus bâtiments



Hier soir, le président de la république annulait son discours télévisuel post grand débat de trois mois, né de la crise des gilets jaunes qui, elle, dure depuis 5 mois maintenant (et s’inscrit dans un plus long cycle de crises sociales en France). Allocution prévue pour annoncer un « projet collectif » et lancer un « acte 2 » de son quinquennat (avec toutes les réserves qui vont de soi). Il a préféré aller au chevet de Notre-Dame, et y annoncer « Nous la rebâtirons tous ensemble », « Notre-Dame c’est l’épicentre de notre vie. […] Cette histoire est la nôtre et elle brûle ce soir ». Fin du monde, fin du mois, patientez, le temps est à l’émotion face à un monument hors du commun qui part en fumée.

 
 
 
 
 
Le passé meurt aussi (liberté, égalité, brasier)
 

[Chanson]



Une lectrice et chanteuse nous a transmis ce clip qui revient sur l’émotion provoquée par l’incendie de Notre Dame de Paris.

 
 
 
 
 
Images en lutte, lutte des images
 

Quelques réflexions suite au film L’époque de Matthieu Bareyre



Une lectrice nous a envoyé cette recension du film L’époque de Matthieu Bareyre qu’elle oppose notamment à J’veux du soleil du député François Ruffin. N’ayant vu aucun des deux longs métrages notre rédaction n’a pas d’avis.

Le premier choix gagnant de Matthieu Bareyre est le dispositif adopté lors du tournage : on ne filme que la nuit, on ne filme qu’en équipe très réduite (le duo indéfectible Matthieu–Thibaud, cameramen-ingénieur son), on n’arpente que les rues de Paris centre et banlieue. A partir de ces présupposés résultent plusieurs conséquences esthétiques : le rapport entre filmeurs et sujets filmés – chose rare pour le cinéma français contemporain - est posé d’emblée comme une relation paritaire, dépouillée de tout rapport de domination, la parole nocturne se trouvant ainsi libérée de toute forme d’(auto)censure diurne.

 
 
 
 
 
Notre DADA dame
 

[poème]



S’i’ fossi foco arderei l mondo
Cecco Angioleri, LXXXVI

notre dada dame
tatatam ! en flammes !
FLAMBE ! plusieurs millions de fois
en même temps sur tous les écrans
de la terre et du ciel – ici-bas, là-haut…
là-bas !

 
 
 
 
 
Sacrée semaine
 

[poème]



Vicaires à plus-value escrocs de la morale
Philosophes faussaires insensibles au chagrin
Tartarins d’espérance actionnaires du malheur
Mercantis hypocrites fourgues de soumission
C’est du buisson ardent armé par la misère
Qu’ a sauté l’étincelle enflammant le bûcher
Vengeur retour de flamme en la sacrée semaine…

 
 
 
 
 
Gilets jaunes : un assaut contre la société
 

lundimatinpapier #4 en librairie le 4 avril



Nous sommes heureux d’annoncer la publication du 5e volume de lundimatinpapier [1].
Sans surprise, c’est un numéro thématique qui revient sur les quatre premiers mois du mouvement des gilets jaunes. Nous avons sélectionné et condensé en 224 pages la trentaine d’articles qui nous semblaient le plus à même de restituer et de comprendre ce soulèvement inédit. Beaucoup de textes d’analyses donc, mais aussi des témoignages, des entretiens, des photographies et de la poésie.
Comme toujours, les plumes connues se mélangent à autant de pseudonymes ou d’anonymes, et les angles d’appréhension du sujet sont aussi divers que possibles : des appels au soulèvement, des gloses sur Hanouka, le détournement d’une chanson célèbre de Sabine Paturel, un hommage à Christophe Dettinger, une critique brutale de la violence médiatique, une discussion sur la guerre et la langue avec Eric Vuillard, etc.

 
 
 
 
 
 
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