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#161 | 15 octobre
 
 
 
Chères lectrices, chers lecteurs,
 

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Le vol noir des corbeaux sur la Plaine… - Alèssi Dell’Umbria
 

À Marseille, la bataille de la Plaine est à peine commencée



Les médias font souvent les choses à moitié. Quand La Provence publie un article intitulé « Marseille : la bataille de la Plaine partie pour durer », elle témoigne d’un sens de l’actualité tout à fait fait actuel : rivé au scoop et aux manifestations explicites de ladite « bataille ». Le journal fait alors les choses à moitié car la bataille de la plaine, évidemment, dure déjà depuis plusieurs années. Sans parler de la guerre contre la gentrification des centres-villes qui se déroule depuis plus d’un siècle, un peu partout dans le monde. Couper ces batailles et cette guerre de leur histoire permet de les réduire à des conflits périphériques sans grand intérêt. Depuis plusieurs années, donc, la municipalité phocéenne entend réaménager le quartier de la Plaine et en particulier la célèbre place éponyme sur laquelle a lieu un marché plusieurs jours dans la semaine et où nombre de gens se retrouvent pour jouer avec leurs enfants, manger un sandwich ou prolonger leurs soirées.

Alèssi Dell’Umbria est l’auteur (entre autres) d’une Histoire universelle de Marseille, De l’an mil à l’an deux mille, pavé de 792 pages paru aux éditions Agone en 2006. Attaché quartier de son enfance, qu’il n’a jamais vraiment quitté, il nous raconte ici l’histoire de la Plaine ; celle qui se joue, maintenant.

(Un site vient d’être créé qui appelle à la défense du quartier.)

Photos : Patxi Beltzaiz

 
 
 
 
 
Lettres de la Plaine
 

À messieurs Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille et Jean-Louis Knidel, paysagiste pour APS



Les médias font souvent les choses à moitié. Quand La Provence publie un article intitulé « Marseille : la bataille de la Plaine partie pour durer », elle témoigne d’un sens de l’actualité tout à fait fait actuel : rivé au scoop et aux manifestations explicites de ladite « bataille ». Le journal fait alors les choses à moitié car la bataille de la plaine, évidemment, dure déjà depuis plusieurs années. Sans parler de la guerre contre la gentrification des centres-villes qui se déroule depuis plus d’un siècle, un peu partout dans le monde. Couper ces batailles et cette guerre de leur histoire permet de les réduire à des conflits périphériques sans grand intérêt. Depuis plusieurs années, donc, la municipalité phocéenne entend réamenager le quartier de la Plaine et en particulier la célèbre place éponyme sur laquelle a lieu un marché plusieurs jours dans la semaine et où nombre de gens se retrouvent pour garer leur voiture, jouer avec leurs enfants, manger un sandwich ou prolonger leurs soirées. Depuis plusieurs années également, une assemblée de la Plaine entend contrecarrer les plans d’aménagement et d’urbanisme déployés par la Mairie et la Soleam (société d’aménagement de la Ville) : installation de tables, nombreuses déambulations et, surtout, retour en force du carnaval populaire de la Plaine comme symbole de la réappropriation du quartier. Pour une histoire plus détaillée vous pouvez vous rendre sur le site de l’assemblée de la Plaine et nous publions également cette semaine un article d’Alessi dell’Umbria qui remonte plusieurs décennies en arrière pour comprendre ce qui se joue aujourd’hui. En septembre, les forains, déterminés à perpétuer la tradition du marché sur la place, ont bloqué la ville à plusieurs reprises. Vendredi et samedi dernier, un semi-remorque est venu placer des blocs de bétons afin de ceinturer la place pour empêcher les voitures de se garer, quitte à devoir envoyer à la fourrière les centaines de véhicules déjà garés sur la place. Évidemment, le semi n’était pas le bienvenu et la Soléam en a également pris pour son grade. Nous publions ici des lettres, lues avec élégance, en forme d’avertissements à « Jean-Claude » et « Jean-Louis » de la part des opposants au projet d’aménagement.

 
 
 
 
 
Marche pour le climat : les petits pas, ça ne suffit pas
 

Récit de la manifestation parisienne du 13 octobre



Samedi 13 octobre, des lecteurs de lundimatin se sont rendus à la manifestation parisienne pour le climat, ils racontent.

Jamais la catastrophe n’a été plus évidente que sous son aspect écologique. Hélas, les marches pour le climat et la mobilisation écolo en restent pour l’instant à des formes de lutte tout à fait respectueuses de ce qui ravage quotidiennement la planète, c’est-à-dire l’économie, les multinationales et les gouvernements qui soutiennent leurs activités. Pourtant, Nicolas Hulot a lui-même efficacement diagnostiqué le problème : « On s’évertue à maintenir ou à réanimer un modèle économique marchand qui est la cause de tous ces maux ». Force est de constater que le mouvement écologique dominant ne s’évertue aucunement à supprimer ou à mettre hors d’état de nuire ce « modèle économique marchand » qui lui cause bien du souci. Puisque néanmoins toute sorte d’esprits inquiétés par cette situation ont choisi de se rassembler à l’occasion de « marches pour le climat » mensuelles, nous nous sommes rendus à celle du 13 octobre et nous vous livrons quelques impressions.

 
 
 
 
 
À Paris des collégiens préparés à une nouvelle menace :
 

« L’intrusion de manifestants potentiellement violents »



Une lectrice de lundimatin dont les enfants sont scolarisés dans un collège parisien, nous a fait parvenir un échange de mails avec la direction de l’établissement. On y découvre que d’ici la fin de la semaine un PPMS « alerte intrusion » sera déclenché dans le collège. Le thème choisi est pour le moins étonnant : « intrusion de manifestants potentiellement violents ».

 
 
 
 
 
Quel temps fait-il après le capitalisme ?
 

par Christophe Bonneuil



« L’ennuyeux, observait Hannah Arendt, c’est que nous ne semblons ni équipés ni préparés pour cette activité de pensée, d’installation dans la brèche entre le passé et le futur ». A l’heure des crises de la mondialisation capitaliste et d’un basculement géologique planétaire, il est temps de s’activer dans la brèche des devenirs terrestres.

Une nouvelle revue vient d’être lancée qui s’y emploiera : Terrestres. Revue des livres, des idées et des écologies. Nous partageons ici une des recensions de livres de son n°1, celle de Christophe Bonneuil (co-auteur, avec Jean-Baptiste Fressoz, de L’événement Anthropocène, Points Seuil, 2016 et, avec Sandrine Feydel, de Prédation. Nature, le nouvel eldorado de la finance, Paris, La Découverte, 2015 ) sur le livre de Jérôme Baschet, Défaire la tyrannie du présent. Temporalités émergentes et futurs inédits (La Découverte, 2018). L’enjeu, dans une époque où l’expérience du temps s’est engluée dans les réseaux d’un présent infini et sans avenir, est la réouverture d’un horizon révolutionnaire abandonnant des vieilles lunes modernes du progrès. En s’attaquant aux dimensions temporelles du dépassement du capitalisme à travers un détour par l’expérience Zapatiste, Baschet nous propose une réflexion profonde de notre rapport à l’histoire.

Terrestres. Revue des livres, des idées et des écologies : http://www.terrestres.org/

 
 
 
 
 
Risque d’effondrement à Romainville
 

Par Sylvain Piron



Le texte qui suit a été rédigé avant le début des travaux. Depuis lundi 8 octobre, les machines ont été lancées à l’assaut de la forêt de Romainville. La destruction a commencé. Un rassemblement est prévu ce dimanche 14 en bas du Parc de la Sapinière (face au 83 av. du Colonel-Fabien, arrêt « Maneyrol » du bus 318).

Sylvain Piron est historien et médiéviste. Il a notamment publié L’occupation du monde dont nous avons déjà parlé dans ces pages.

À deux kilomètres à l’est de Paris, en contre-bas de la cité Gagarine, il existe une forêt clôturée de 27 hectares, interdite au public. Cette trouée dans le tissu de la métropole a été soigneusement suturée afin que le dehors reste ici enfermé sur lui-même. Le paradoxe de cette forêt fermée indique une situation qui mérite de retenir l’attention. De grands panneaux disposés derrière les grillages préviennent d’un « risque d’effondrement ». Le terrain est en effet miné par les galeries d’anciennes carrières de gypse. Par endroits, le sol s’est écroulé en formant des entonnoirs de plusieurs mètres de profondeur (ce qu’on appelle des « fontis »). Sur ce terrain, une forêt s’est constituée depuis la fin de l’exploitation des carrières, il y a une cinquantaine d’années. Elle est principalement composée de sycomores, de robiniers et de frênes, auxquels s’accrochent des lianes, clématites ou houblons, et toute une végétation de sous-bois. Les racines des arbres consolident le sol qui ne forme parfois qu’une mince couche au-dessus des galeries. Ce sont au fond eux qui le retiennent de l’effondrement. Chaque fois que l’on entre dans cette forêt cachée, le dépaysement que l’on ressent est d’une nature assez particulière. Le passage de l’autre côté du miroir fait instantanément sortir du temps commun. Cette jungle qui s’est emparée d’une carrière abandonnée constitue à la lettre une métaphore de la prolifération de la vie dans les ruines du capitalisme industriel.

 
 
 
 
 
Welcome to Saint Jean de Luz
 

« Alors au final, le tourisme, c’est magique ! »



Quand je sors me promener dans ma charmante petite ville par une belle après-midi d’été, je vois face à moi les automobiles arrêtés et tout ce flux de personnes collapser. Je passe par les parkings bondés où les voitures sont en train de griller et leurs carreaux sales me renvoient leurs pesants rayons de soleil, avant d’emprunter un souterrain et de traverser une rue, où des touristes m’interrompent pour me demander la direction de La Plage. Puis je continue et arrive sur le petit port de pêche, authentique, qui me renvoie encore à la figure, surprise ! l’odeur forte de rouille et de poisson pourri que je sens depuis mon enfance. Là, le rond-point où tout s’agite, les voitures passent, passent, passent et les panneaux de signalisation me coupent le regard. Ceux-ci sont partout, me font signe, toujours plus nombreux pour baliser l’espace et indiquer le sens de la visite.

 
 
 
 
 
L’Inquisition subliminale - Par Serge Navi
 

« Mais qui donc a eu l’idée de changer le prénom d’une musulmane pratiquante d’origine maghrébine en "Marie" ? »



« Tout ce qui est profond aime le masque. »

Friedrich Nietzsche, Par-delà bien et mal

Dans un écrit singulier, Le Sage trompeur. Libres raisonnements sur Spinoza et les Juifs (Verdier, 2013), Jean-Claude Milner a prétendu que Spinoza avait élaboré une doctrine ésotérique visant à en finir avec le « nom juif ». Ivan Segré a montré dans un livre (Le Manteau de Spinoza, La Fabrique, 2014) ce que l’interprétation de Milner avait d’extravagant et probablement de duplice. Cela dit, qu’il y ait par ailleurs des doctrines ésotériques qui fomentent des conversions forcées, c’est possible. Mais plutôt que d’en sonder l’existence dans la logique de Spinoza, mieux vaut s’en tenir, à ce sujet, à la logique policière.

 
 
 
 
 
Devant l’Histoire, entrées et sorties de Benjamin Fondane
 

« On peut fusiller les actes : non la pensée »



 
 
 
 
 
Quand le président de l’université de Rennes débloque
 

« J’ai décidé de vous donner toute la palette (des solutions possibles contre le blocage) : il y a l’implication physique du personnel dans le déblocage, avec tous les risques de violence qui l’accompagne »



Cher lundimatin,

Depuis Rennes, voici un texte rédigé à plusieurs enseignants, personnels administratifs et étudiants de Rennes 2 qui tente d’analyser l’évolution de la stratégie de la présidence de la fac face au mouvement. Après une nouvelle intervention policière et l’organisation d’une opération de communication par voie de presse et via l’organisation d’un plebiscite interne, la situation est suffisamment notable (et probablement assez similaire à d’autre facs) pour qu’on s’y attarde un peu... [1]

 
 
 
 
 
Échographie d’une faiblesse
 

« Souvent, l’approche liée à l’identité et au style de vie est séduisante car elle crée l’impression d’être engagée dans une pratique. »



À l’occasion de la sortie de son 21e numéro, le journal rennais Harz-Labour nous a proposé de publier cette Échographie d’une faiblesse. C’est un article féministe sur le féminisme, ou plutôt contre une certaine tendance du féminisme à vocation hégémonique. Il devrait très logiquement, susciter son lot de polémiques.

 
 
 
 
 
Défaire le démos. Le néolibéralisme, une révolution furtive - de Wendy Brown
 

Fiche de lecture et bonne feuilles



Nos amis d’Antiopées partagent avec nous une nouvelle fiche de lecture. Elle est consacrée cette fois au dernier livre de Wendy Brown intitulé Défaire le démos. Le néolibéralisme, une révolution furtive paru aux États-Unis en 2015 (MIT Press) et traduit de l’anglais par J.Vidal pour les éditions Amsterdam, que nous remercions pour les bonnes feuilles qu’elles ont accepté de nous transmettre. On découvre ici, entre autre, comment l’agriculture irakienne post-Saddam Hussein a été confiée à Monsanto ou encore l’analyse de quatre arrêts de la Cour suprême américaine de 2010-2011 qui ont permis de faire des élections dans ce pays un véritable marché. Bonne lecture.

 
 
 
 
 
Cauchemars et facéties. S02E01
 

Trouvés au hasard des internets.



En vrac, et comme au bon vieux temps. Les déboires des GAFAMs. L’avenir de la vidéosurveillance. Copyrighter son afro. 123456.

 
 
 
 
 
lundimatin papier #3
 

En librairie le 11 octobre



Lundimatin papier #3 - janvier 2017 / septembre 2018
636 grammes, 336 pages, 44 articles, 16 euros. Le nouveau lundimatin papier sera dans toutes les (bonnes) librairies à partir du 11 octobre. En voici l’introduction et le sommaire.
Si vous voulez savoir quelle librairie indépendante en a en stock près de chez vous, consultez le site Place des libraires.

(Nous organisons une grande soirée à Paris pour sa parution, mais tous les détails sont dans cet autre article.)

 
 
 
 
 
lundimatin soirée #1
 

Le 19 octobre à Paris



Le nouveau numéro de lundimatin papier vient de sortir de l’imprimerie. Pour fêter cela, nous organisons une grande soirée à Paris le 19 octobre. Vous êtes invités !

 
 
 
 
 
 
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