Moscou, ton univers impitoyable - Note de lecture
« La Maison du Gouvernement était conçue comme une espèce de compromis historique, un édifice “de type transitionnel”. À mi-chemin entre l’individualisme bourgeois et le collectivisme communiste, elle incluait 550 appartements familiaux entièrement meublés et une série d’espaces publics, dont entre autres un réfectoire, une épicerie, un centre de soins, une garderie, un salon de coiffure, un bureau de poste, un central télégraphique, une banque, un gymnase, une bibliothèque, un court de tennis et des dizaines de salles communes accueillant diverses activités (du billard au tir à la cible en passant par la peinture et les salles de musique). Le tout était couronné […] par le Nouveau Théâtre d’État, qui pouvait accueillir 1 300 spectateurs et […] par le cinéma Oudarnik (“Ouvrier de choc”) avec ses 1 500 places. […] En 1935, la Maison du Gouvernement abritait 2 655 locataires enregistrés. Environ 700 d’entre eux étaient des fonctionnaires de l’État et du Parti bénéficiant d’un appartement individuel. Les autres étaient pour la plupart des personnes à leur charge, dont 588 enfants. Les services aux résidents et l’entretien de l’édifice étaient assurés par 600 à 800 serveurs, peintres, jardiniers, plombiers, concierges, blanchisseuses, polisseurs de planchers et autres employés (dont 57 administrateurs). La Maison du Gouvernement était le domaine privé de l’avant-garde, une forteresse protégée par des portes de métal et des gardes armés, un dortoir où les grands commis de l’État assumaient leurs rôles de maris, d’épouses, de parents et de voisins. Foyer des révolutionnaires, elle était aussi la chambre mortuaire de la révolution. »
Nos amis d’Antiopée ont lu ce pavé de 1300 pages qui vient de paraître aux éditions La Découverte. Voici leur note de lecture.
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