Entretien avec deux mutins depuis leur prison de Sijin hama al-Markazi en Syrie
Depuis mai 2016, la prison centrale de Sijin hama al-Markazi à Hama, en Syrie, est entièrement passée sous le contrôle des prisonniers. Partant de la protestation contre le transfert de quatre détenus vers un centre de détention tenu par les services secrets syriens, les prisonniers politiques et de droit commun se sont unis et ont pris le contrôle du bâtiment. Les portes des cellules ont été brisées, les portes extérieures barricadées. Les surveillants qui restaient y ont été enfermés et plus personne ne peut y entrer ou sortir sans l’autorisation des détenus. Depuis les autorités n’ont toujours pas repris le contrôle total du bâtiment et des centaines de prisonniers ont pu être libérés à la suite de négociations.
En Route ! a pu entrer en contact par téléphone avec deux mutins, Hamid et Urwa, prisonniers politiques actuellement encore détenus. Nous retranscrivons ici le fruit de plusieurs entretiens téléphoniques avec eux. Ils racontent comment ils ont pris le contrôle de la prison, comment ils s’organisent à l’intérieur, les négociations avec les autorités... A leur demande et pour des raisons évidentes de sécurité nous ne restituons ici qu’une partie de ce qu’ils nous ont raconté.
La situation unique et peu connue de la mutinerie de Hama est l’exemple même du type de tension qui pourrait se généraliser dans une Syrie où la rébellion armée est incapable de tenir mais où de nouvelles formes de luttes peuvent émerger en zones « pacifiées ». Il est fort probable que cette expérience, loin des lignes de front, préfigure les défis auxquels devra faire face le régime de Bachar Al-Assad : une résistance depuis les zones sous son contrôle.
A la suite de l’entretien avec Hamid et Urwa, vous trouverez une brève description du système carcéral syrien et de son fonctionnement depuis le soulèvement.
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