Vanessa Codaccioni - La justice d’exception

[Farce doit rester à la justice - les vidéos]

paru dans lundimatin#141, le 9 avril 2018

Le 25 mars se tenait à la Bourse du travail une journée de rencontres et des débats autour de la justice. Sobrement intitulée "Farce doit rester à la justice - La violence quotidienne d’une institution", anthropologues, syndicalistes, avocats, militants, magistrats, historiens et juristes y sont intervenus pour apporter leur éclairage propre. Nous publions cette semaine les quatre interventions de la première table ronde : « L’état d’exception dans lequel nous vivons ».

Dans son intervention, Vanessa Codaccioni revient sur l’histoire de la justice d’exception en France, dont elle montre la centralité dans le système punitif. Ainsi même la IIIe République, qui est la seule à ne pas avoir officiellement mis en place de mesures dérogatoires au droit commun pour lutter contre les « ennemis intérieurs », a fait voter les lois scélérates. Plus généralement, par cette histoire de la justice d’exception, définie à la fois dans son sens restrictif (tribunaux spéciaux) et extensif (régime répressif aggravé), se dessinent trois mouvements ou trois processus essentiels pour comprendre la répression aujourd’hui : le passage d’un justice d’exception incarnée dans des juridictions politico-militaires à un antiterrorisme globalisant qui vise de plus en plus d’individus et généralise le principe de suspicion ; le passage d’une répression politique à une justice d’exception dépolitisée qui ne reconnaît plus le caractère militant des passages à l’acte ; et le remplacement de l’ancienne justice d’exception judiciaire, incarnée dans des procès, par une justice d’exception policière et administrative qui renforce continuellement le pouvoir de la police, de l’administration et des services de renseignement.

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