« Une île et une nuit »

Du cinéma pirate pour défendre le Quartier Libre des Lentillères

paru dans lundimatin#417, le 26 février 2024

Le Quartier Libre des Lentillères est un lieu autogéré s’étendant sur les dernières terres maraîchères de la ville de Dijon. Ses 8 hectares ont été occupés illégalement et remis en culture depuis plus de 13 ans, en résistance à un projet d’« écocité » en béton qui les menace encore aujourd’hui. Au milieu de la ville, ces espaces en friche et ces maisons abandonnées se sont transformés en un quartier aux multiples usages, faisant s’entremêler habitat collectif, maraîchage, jardinage, auto-construction, événements festifs et culturels, etc. C’est un lieu de luttes et de solidarités en tous genres ainsi qu’une véritable réserve de biodiversité. Dernièrement les habitant-es et usagèr-es du lieu y ont réalisé collectivement un film : Une île et une nuit. Les Pirates des Lentillères, qui signent comme auteurs du film, le présentent comme suit :

« Dans ce film nous utilisons le prisme de l’imaginaire pour parler du réel, de ce que nous vivons ici, de comment nous y sommes arrivé-es, de ce que nous y cherchons et de contre quoi nous nous battons chaque jour. C’est une fiction musicale et dansée, sans héros ni héroïne, avec des maisons qui sont des bateaux (et inversement), des pirates de toutes sortes et tout plein de langages différents… Bref, le Quartier Libre des Lentillères c’est une île aux trésors à travers le regard du cinéma !

Au-delà du plaisir de partager cette création à un public large et diversifié, ce film est l’occasion de transmettre par la rencontre notre expérience de lutte, d’autogestion et d’inventions de formes de vies collectives portées vers le bien-vivre pour tou-tes et respectueuses du vivant. »

Dans l’entretien qui suit, ils et elles tirent un bilan provisoire de cette expérimentation inédite.

Votre film documente d’une façon impressionnante une lutte qui dure depuis presque 14 ans, contre vents et marées, pour la création et la défense d’un lieu de vie solidaire et créatif. Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir la forme film pour faire connaître cette expérience à un public plus large ?
Pirate 1 : Le point de départ a été le medium film justement. Un habitant du Quartier qui possédait des savoir-faire, du matériel et une forte envie qu’on fabrique un film tou-tes ensemble a lancé l’idée, en intégrant la dimension d’auto-formation et de mutualisation de ces savoirs - au même titre que toutes les pratiques d’autogestion qui ont lieu ici. Faire un film diffusable était forcément une idée présente dès le départ dans un coin de nos têtes mais ce n’est qu’après tout le processus de création qu’on a décidé de le montrer largement. Car on ne savait pas du tout où on allait ! On n’aurait jamais imaginé qu’on ferait un long-métrage, ni qu’on mettrait deux ans à le faire ! On a tou-tes été surpris-es du résultat final et le film est devenu un porte-parole du Quartier, ou en tout cas une porte d’entrée pour plein de gens qu’on rencontre pendant la tournée.

Pirate 2 : Ce n’est pas une chronique qui raconte les événements dans leurs temporalités. D’ailleurs, il y a déjà un documentaire qui a été réalisé sur le Quartier Libre des Lentillères, il y a aussi des articles, des essais, des travaux universitaires… Cette fois-ci, on a choisi de raconter la lutte et la vie au Quartier d’une façon un peu symbolique, artistique et imaginaire. Ça a permis à plein de gens de participer, de créer les scènes chacun-e à notre façon. En gros ça a mis en place l’expression libre. Un facteur très important, c’est qu’on a compris que c’était plus facile pour nous de participer à un film de fiction qu’à un documentaire, qui nous aurait emmené dans quelque chose de plus sérieux, où on joue pas ’des personnages’ mais où on est nous-mêmes.

À travers la fiction et cette création collective, festive, musicale et dansée, il a été plus facile de parler des choses dures que nous avons rencontrées dans nos vies. L’art peut soigner, l’imagination et la créativité aussi.

Au final, le Quartier Libre des Lentillères c’est un lieu où les chemins se croisent, où les histoires, les envies d’agir ensemble, de lutter, de se soutenir se croisent aussi. Mais c’est aussi un phénomène, un lieu performatif au-dessus des changements permanents, avec de beaux exemples de solidarité entre humain-es, une énergie de groupe, etc. Il y a une certaine dynamique qui n’est pas mesurable et c’est ça que le film a peut-être réussi à montrer.

Quels étaient les éléments qui ont permis la réalisation du projet (une vision commune des objectifs du Quartier, de son horizon politique et pragmatique, des connaissances cinématographiques…) ?
Pirate 3 : Dans ce genre de cas, la proposition se fait pendant l’assemblée mensuelle qui est l’un des outils clefs de l’organisation collective de la vie du Quartier. La première étape fut de mettre en place des temps de discussion hebdomadaires adressés à toutes personnes habitant-es et/ou usagèr-es du Quartier, sur ce que pourrait être un film sur les Lentillères et ses modalités. Ces rendez-vous durèrent plusieurs mois et permirent à un groupe à géométrie variable de dessiner les contours et donc les thèmes à travailler dans le film. Il en est ressorti un parti-pris kaléidoscopique : le Quartier est un lieu traversé par une telle diversité de vies et de parcours que l’on ne saurait en faire un récit unitaire. D’ailleurs la question du récit sur le Quartier a toujours été pour ses membres habitant-es et usagèr-es un enjeu épineux. Comment rendre compte de la complexité, notamment publiquement, de ce qui s’y joue et s’y vit sans en édulcorer, simplifier ou appauvrir la réalité ? Comment faire pour ne pas parler à la place de, comment faire honneur à l’ensemble des luttes et des sensibilités qui font que ce quartier est ce qu’il est dans sa diversité ?

Pirate 1 : Le film s’est construit à l’image du lieu lui-même, de manière empirique, jour après jour. Dans un cas comme dans l’autre, au départ il y avait un champ infini de possibles. Et il fallait bien commencer par quelque chose. Dans le cas du Quartier, ça a été le défrichage et la remise en culture d’une parcelle agricole abandonnée de 3000m2. Pour le film, ça a été la fabrication d’une première scène, tou-tes ensemble, de l’écriture à la projection. C’est ce qui est beau à mon avis : l’absence de planification – que ce soit un plan d’urbanisme ou un scénario – qui mène à une poésie spontanée impossible à créer autrement. Les chemins des Lentillères sont sinueux, dessinés par la marche des passant-es, au gré des arbres couchés, des murets et des souches. Il en est de même pour les scènes du film.

Dans les deux cas aussi, l’apport de personnes extérieures a été important. Agriculteur-ices, chorégraphes, penseur-euses, musicien-nes… ont apporté leur aide, et inspiré ce lieu et ce film.

Pirate 4 : Le projet s’est réalisé grâce à un engagement de nombreuses personnes à plein de moments différents et aussi grâce à la volonté d’un groupe plus restreint, notamment pour la fin du processus, qui a permis que ce travail de deux ans prenne la forme d’un film qui tienne la route et qu’on ait envie de montrer et de diffuser.

Le fait d’avoir des personnes familières des techniques de tournage et du matériel (caméra pellicule, prise de son, logiciel de montage…) a permis des moments de transmission pour que ce ne soit pas toujours les mêmes personnes qui tiennent les mêmes rôles.

L’aspect fictionnel mais inspiré du réel et de l’organisation du Quartier a rassemblé les imaginaires des habitant-es et usagèr-es sans brider une créativité et une extravagance des images qui voulaient être tournées (une scène de tempête en mer, un clip de rap, un duel en comédie musicale...) Le fait d’être libres dans l’écriture et le fait que ce soit un projet collectif, ça rend encore plus de choses possibles !

Le film met en évidence une symbiose surprenante entre habitants d’ici et d’ailleurs. Dans quelle mesure ces relations conviviales et amicales existaient déjà avant de tourner le film ? Ou est-ce qu’elles se sont créées ou approfondies pendant le tournage ?
Pirate 2 : L’esprit de convivialité qu’on voit dans le film, c’est une représentation, transformée avec la caméra et par la magie de la fiction, mais tout ça, peut-être dans une autre forme, est déjà bien présent au Quartier.

De toute évidence les tournages étaient des moments très conviviaux et souvent festifs. On pouvait passer du temps avec des gens avec qui on avait rarement l’occasion de le faire. Ça a été l’occasion de mieux se rencontrer - pour le dire autrement. Pendant les tournages on faisait des grands repas quitte à ce que certaines personnes présentes ne participent pas du tout au processus en cours - ils étaient juste curieux et avec nous, simplement.

Il y a tout de même quelque chose d’incroyablement ludique dans ce processus à bien des égards. Certains groupes de musique indé de passage pour des concerts qui se déroulaient sur zone se sont vus invités à composer des morceaux que l’on entend dans le film. Il y a même eu des résidences exceptionnelles pour certains de ses groupes - c’était assez cool dans le genre ! Idem pour une artiste d’une compagnie de danse qui avait joué un après-midi près de l’écocité (qui fait face aux jardins des Lentillères) et qui nous a accompagné pour créer et conduire certaines scènes chorégraphiées du film. Ça a été l’occasion de nombreux ateliers pour se former à chanter, danser, sans compter toute la technique de bidouille et l’imagination dont il a fallu faire preuve sur bien des aspects.

Pirate 3 : C’est bien de rappeler que venir habiter sur le Quartier des Lentillères peut tout autant relever d’un choix que d’une nécessité. Beaucoup des personnes sont prises dans des parcours migratoires et sont arrivé-es sur le Quartier à défaut de trouver une place dans des centres d’accueil, ce qui est une raison vitale. D’autres choisissent de s’installer ou de se rapporter au Quartier pour des raisons politiques et/ou existentielles. Pour un ensemble de personnes qui ont des vies minorées, dévalorisées, il en va de leur survie d’être sur le Quartier.

La symbiose à laquelle vous faites allusion relève de la dynamique des communs qui œuvre quotidiennement sur le Quartier depuis ses débuts et qui s’est déployée au fil des années grâce à un travail continu autour de la manière de prendre ensemble soin des lieux et donc de ses habitant-es et usagèr-es. Cela nécessite qu’il y ait des habitudes de vivre-ensemble qui soient prises et apprises au gré des expériences partagées sur le Quartier. Bien évidemment, la convivialité et l’amitié sont au cœur des préoccupations des habitant-es et des usagèr-es mais cela ne s’effectue pas en claquant des doigts. Il y a des manières de faire et d’être qui ont été adoptées au fur et à mesure de l’existence du Quartier afin de trouver des équilibres relationnels pour les un-es et les autres, même si cela est toujours précaire, et qui peuvent être remis en question de manière à adopter des rapports plus justes entre nous - sans que ce soit nécessairement de la franche camaraderie.

Le processus de réalisation du film et les innombrables moments qui ont été nécessaires pour le faire se sont logiquement, pour ne pas dire naturellement, intégrés dans le cadre général des activités et autres chantiers collectifs qui organisent et rythment depuis fort longtemps la vie du Quartier. On pourrait s’amuser à dire que ces moments étaient des ’chantiers des communs’ mis au service d’une fiction qui mettait en récit ces mêmes communs. Et que souvent ces moments permirent la mise en place d’un espace d’expression inhabituelle et nouveau pour nombre des habitant-es et usagèr-es quant à la manière de pouvoir exister et se raconter sur les Lentillères.

Pirate 1 : Malgré le foisonnement de vie et d’activité présent sur le Quartier, la diversité extrême des parcours et des besoins crée parfois un manque de porosité entre les différents groupes et collectifs qui le composent. La fabrication du film s’est révélée être une véritable occasion de casser cet entre-soi. Dès les premiers ateliers d’écriture (ou plutôt d’imagination, car la forme écrite était assez peu présente), les participant-es se sont pour certain-es découvertes, bien qu’habitant parfois à quelques dizaines de mètres l’une de l’autre, ou se croisant chaque jour sur les chemins.

Concernant la part d’initiatives des différent-es participant-es, elle est impossible à quantifier. Chacun-e était invité à prendre part à l’intégralité des étapes de fabrication du film. Ainsi la plupart des personnes jouant dans une scène sont les mêmes qui ont participé à son écriture, et souvent quelqu’un ayant participé à la mise en scène d’une séquence s’est aussi retrouvé à la table de montage.

Vous avez dit que d’une façon ou de l’autre environ 300 personnes ont collaboré au film, beaucoup plus que la totalité des habitant-es. Est-ce que le film a consolidé la cohérence de la vie collective des jardins ?
Pirate 2 : Pas vraiment ;)

Pirate 1 : C’est difficile à dire aujourd’hui, il faudra du recul pour répondre à cette question.

Pirate 3 : Il y a beaucoup d’initiatives sur le Quartier portées par des dynamiques affinitaires différentes. Comme tout chantier collectif et participatif les personnes se rencontrent dans l’activité qu’elles partagent. Ce qui est certain c’est que participer à l’élaboration de certaines scènes a créé des attachements nouveaux au Quartier, en permettant un recul très intéressant dans ce que la fiction met en tensions par rapport au réel qui s’y vit. Il y a un amusement qui nous a permis parfois de prendre avec plus de légèreté certains sujets que nous pouvons vivre sur place.

Non seulement la façon de faire le film a été complètement inhabituelle, mais aussi sa distribution. Vous avez choisi de la réaliser exclusivement par vos propres soins (pas de distributeurs professionnels ni public, pas de DVD). Pourquoi ?
Pirate 1 : Une île et une nuit est un film ’de cinéma’, qui n’est pas fait pour être visionné en zappant sur un petit écran. Il a besoin de l’obscurité et du caractère collectif de la projection pour s’installer, poser l’ambiance et permettre de glisser dans son imaginaire. Ensuite, c’est un film réalisé sur un lieu militant et donc soumis à une surveillance. On n’oublie pas les caméras cachées dans des boîtiers électriques placés devant les entrées de nos lieux d’organisation. Ce serait trop simple d’offrir tant d’images en pâture sur internet ou en DVD. Si les autorités veulent nous observer ils n’ont qu’à se déplacer !

Pirate 2 : C’est quand même une image intime, on a montré nos vies, on a invité la caméra à l’intérieur de nos maisons, de nos espaces privés. C’est aussi une question de respect pour tous ces gens qui ont participé à la réalisation de ce film. C’est le respect pour notre travail. On veut d’abord voyager avec le film, le présenter nous-même, c’est important pour nous.

Pirate 4 : C’est un moyen de l’accompagner par des témoignages directs. Après la projection, on peut parler de sa fabrication particulière, du contexte, de notre expérience et surtout du Quartier. En faisant nous-même cette diffusion on crée des liens un peu partout avec d’autres luttes, d’autres collectifs et individu-es. C’est fort pour un lieu comme le Quartier Libre des Lentillères qui est toujours menacé.

Jusqu’à maintenant vous avez réalisé plus de 120 présentations dans des cinémas, lieux militants ou associatifs, squats et autres, en France, en Italie, en Belgique… Quelles réactions étaient pour vous les plus importantes, inattendues, prometteuses ?
Pirate 1 : Une réaction qui revient souvent et qui me donne envie de continuer à montrer le film, c’est quand les gens disent que c’est un film qui fait du bien, qui soigne, qui redonne courage et espoir. Des gens inscrits dans des luttes notamment, mais pas que.

C’est drôle aussi de se rendre compte que des publics si divers ont la plupart du temps les mêmes réactions, les mêmes questions. Le film touche souvent aux mêmes endroits mais ceux-ci sont nombreux, à l’image des thèmes que le film véhicule.

Pirate 4 : L’avantage de pouvoir projeter dans plein de lieux c’est d’avoir plein de publics différents, en âges, cultures, implications dans des luttes, etc. et si par moments leurs réactions se rejoignent, à d’autres c’est très varié : quelle scène les a marqué-es, quelle impression globale le film leur a laissé... Je trouve passionnant de voir qu’un seul film peut susciter autant de réponses différentes.

Lorsqu’on l’a projeté en Italie, c’était la première fois qu’il était vu par des gens qui ne parlent aucune des langues qu’on entend dans le film. On appréhendait un peu si le film ’allait marcher’ ou pas, car il n’y a volontairement pas de sous-titres. Et ça a été merveilleux. C’était un écho à des luttes locales et plusieurs personnes étaient profondément touchées de voir qu’il y avait de la joie, l’envie de créer dans des luttes comme celle-là. Que ça fait rêver et que c’est possible.

Quelles sont vos perspectives de diffusion du film dans le futur ? Est-ce que vous avez des idées concernant de nouvelles créations ?
Pirate 1 : Le film continuera son voyage tant qu’il y aura des gens pour l’accompagner ! Ses modes de diffusion seront aussi conditionnés par l’actualité des Lentillères – un lieu toujours pointé du doigt par les autorités – et par ses besoins en terme de défense et de médiatisation. Pourquoi ne pas penser une sortie nationale en salles de cinéma, si la tension monte trop ?!

Quant à imaginer de nouvelles créations, je crois que ce sera ailleurs et par d’autres personnes qu’elles verront le jour. J’espère que cette expérience de cinéma collectif et autogéré donnera des idées à plein d’autres gens partout. En plus d’étouffer dans cette société liberticide, fascisante et destructrice, on étouffe dans l’art sous l’auteurisme nombriliste et l’économie de marché. On a besoin que la caméra et le micro soient pris par d’autres, et pleins d’autres ensemble, pour raconter nos luttes, nos vies et nos rêves d’émancipation.

Pirate 4 : Qu’il y ait plein d’autres films par plein d’autres gens sur pleins d’autres Lentillères !

Les prochaines projections – discussions d’Une île et une nuit  :

  • début mars à Paris et région parisienne
  • puis en tournée dans le Perche, le Poitou, Angoulême, Bordeaux, le Lot
  • et dans les cinémas Utopia Toulouse, Montpellier, Avignon

Toutes les dates sur le site du film : www.piratesdeslentilleres.net

Un commentaire trouvé sur le blog médiapart de Evariste :

« Ces forbans débordent d’idées ingénieuses et utilisent de nombreux moyens (collages, comédie musicale, clips, caricatures, effets d’optique par exemple) pour conquérir un océan cinématographique infesté de requins, contre vents et marées, tempêtes et vaisseaux colossaux de la flotte royale. En ce sens, la métaphore miroir entre navire et maison, qui appartiennent tous deux au même champ sémantique du ’bâtiment’, dont l’usage et l’illustration fait différer son sens entre vaisseau pirate chargé d’histoire et de récits et chalutier, de métal ou de béton, vampirisant l’espace et qui écrase le vivant sur son passage ; entre foyer et simple structure bâtie, est une très bonne trouvaille. …D’autant que cela s’accompagne d’une mise en scène tantôt près des corps, première cibles du pouvoir oppressif, tantôt développant la profondeur du cadre pour intégrer ces corps dans leur environnement, les y ancrant de sorte qu’ils n’en soient pas détachables, sans qu’ils en soient pour autant les maîtres (les chefs, pour coller au leitmotiv des corsaires adeptes de développement durable).

Les deux premières parties séduisent inévitablement par leur beauté formelle, parfois ’bricolée’, des dialogues inspirés et des récits captivant bien qu’on ne les comprenne pas tous (le film faisant le choix intelligent de recueillir onze langues différentes, sans sous-titre, un parti pris qui terrifierait un cinéaste de renom également attaché à l’univers maritime...) permettant de traduire l’universalité et de faire non seulement de la parole mais aussi de l’écoute des actions, plus que du seul langage ou une attitude passive…

Félicitons ces valeureux pirates des Lentillères qui ont pris leurs sabres et caméra pour conter leur lutte à travers une fiction d’aventure, construisant un imaginaire singulier pour l’ancrer dans le réel, dans les problématiques qu’ils rencontrent. Honorons leur pavillon en allant leur rendre visite dans les salles qu’ils assaillent. »

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