Soudain, le talmud !

2. Une mystification religieuse

Ivan Segré - paru dans lundimatin#13, le 8 mars 2015

Ivan Segré étudie le talmud pour éclairer le présent. Cette semaine, il continue son exégèse et nous parle de géométrie, de thermes et de prostitution.

« Et donc évidemment avec un nom comme ça on ne peut que bien traduire… surtout quand il s’agit de Cabale. On est en plein dans la Cabale. Et donc Désiré Elbeze comment est-ce qu’il traduit ? Voilà : "Rabbi Shimon prit la parole et dit : — Tout ce qu’ils ont institué ils ne l’ont fait que pour servir leurs intérêts : ils ont aménagé l’habitat pour pouvoir y installer des prostituées, construit des bains pour leur propre plaisir et lancé des ponts pour encaisser un droit de péage." Et ça c’est une traduction littérale. Une traduction littérale où éclate d’emblée la raison de la colère de Rabbi Shimon et la puissance politique de son propos. Puissance politique qui est rendue par la littéralité de la traduction du rabbinat et qui est occultée par la spiritualisation d’Abraham Heschel et de Guy Casari. Parce que finalement c’est ça qui est intéressant dans l’orthodoxie, c’est qu’elle est la garde de la lettre, même dans son inconscience au fond. Donc même si on peut penser que l’orthodoxie ne réfléchit pas à la portée politique de ces propos de Rabbi Shimon au moins elle en a la garde… par sa fidélité à la lettre. Et c’est d’autant plus flagrant ici que l’inconscient du signifiant il est écrit dans le nom du traducteur, qui est un nom cabalistique. »

Ivan Segré est philosophe et talmudiste
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