Social Catch

[Doc du réel] Documentaire

Doc du réel - paru dans lundimatin#136, le 5 mars 2018

Samedi 24 février avait lieu à Ivry un grand gala de Catch en soutien à l’APEIS (Association pour l’Information, l’Emploi et la Solidarité des Chômeurs). Nos amis de doc du réel, présents sur place, nous livrent ici un reportage vidéo et quelques photos éloquentes. On peut retrouver les vidéos, d’autres photos ainsi que des détails à propos de l’événement sur le site de la revue cheribibi.

Le reportage vidéo :

Quelques photos du gala :












On ne savait pas que c’était impossible, alors on l’a fait.

«  Sur le Ring et au fond même de leur ignominie volontaire, les catcheurs restent des dieux, parce qu’ils sont pour quelques instants, la clef qui ouvre la Nature, le geste pur qui sépare le Bien du Mal et dévoile la figure d’une Justice enfin intelligible.  »
Roland Barthes, Mythologies, 1957.

Organiser un gala de catch en soutien à notre asso de chômeurs, l’Apeis ? Si l’idée faisait marrer tout le monde, peu semblaient y croire. La municipalité d’Ivry mettait à notre disposition le gymnase Auguste Delaune, temple du handball d’une jauge de 1477 places ; on avait 500 affiches et 5000 flyers à dispatcher ; une dizaine de catcheurs de l’ABCA (la plus vieille école de catch de France) ; une fanfare de 13 personnes (le Bellette Brass Band !) ; la cantine des Bokhalés qui préparait plus de 500 repas ; des fûts de bière… et moults frais divers. Fallait pas se louper, sous peine de transformer une soirée de solidarité en gouffre financier. Mais surtout, au-delà des questions triviales de pognon, ce gala allait prouver ou infirmer ce que l’on défend depuis si longtemps (dans ChériBibi et ailleurs) : la culture populaire, tant méprisée des élites, est l’antithèse de cette « culture de masse » décérébrante et mercantile qu’on nous sert matin, midi et soir. La culture populaire, culture de classe, fabrique de la fraternité et, de fait, peut réunir un public éclectique autour de bonheurs combatifs.

Résultat ? 1394 entrées (1500 selon Le Parisien), autant dire un carton plein pour ce gala sur lequel peu auraient vraiment parié, sauf nous. Une soirée rare, exceptionnelle, chaleureuse, drôle, politique, amicale… et pleine de sens. Un public qui ressemblait à la vie, la vraie : jeunes, vieux, femmes, hommes, rockeurs, Roms, prolos avec ou sans boulot, militants, voisins ou venus de loin. Voilà comment on fête les 30 ans de l’Apeis (et la sortie du dernier ChériBibi), avec un grand et beau spectacle populaire. Et un gros doigt à ceux qui n’ont que mépris pour cet adjectif, « populaire » ; à ceux qui rabâchent qu’on ne s’adresse qu’à des « niches » et que le peuple dont on parle tant n’a que faire de nos sommaires.
Bien sûr, hors le bonheur et la joie ressentis et partagés, cette soirée nous permet d’avoir des moyens pour continuer à nous battre afin de faire valoir les droits de celles et ceux qui sont stigmatisés, chômeurs, précaires, sans droits. Mais surtout, elle a prouvé la justesse et la nécessité de ce que l’on défend dans nos pages et nos actions. Alors oui, aujourd’hui nous sommes émus et fiers. Et fiers d’être émus. Merci à toutes, à tous. La lutte des classes a vraiment de la classe.
Daniel Paris-Clavel, revue ChériBibi et co-organisateur du gala

Crédit pour les photos : Doc du réel et Fabien.

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