Reconstructions à Notre-Dame-des-Landes

Des habitants s’adressent à la préfète de Loire-Atlantique

paru dans lundimatin#153, le 25 août 2018

Après une opération militaire hors norme qui visait à détruire une partie des habitations de la zone pour acculer l’ensemble des habitants à se normaliser et des semaines de bras de fer avec la préfecture, il semblerait que la ZAD de Notre-Dame-des-Landes soit loin d’être morte. Nous recevons et diffusons ce communiqué en forme de doigt d’honneur aux gendarmes et à Nicole Klein, préfète de Loire-Atlantique. Il annonce et revendique photos à l’appui, le début de reconstructions d’habitations au coeur de la zone.

Par ailleurs du 27 août au 2 septembre, s’entrecroiseront deux semaines de discussions sur la ZAD.

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— Retrouver du souffle : rencontres autour des enjeux des luttes actuelles (cliquer pour accéder au programme)

De la cabane sur l’eau, contre Nicole Klein et son monde Résistances et sabotages

Communiqué du mercredi 22 août 2018

Vous connaissiez probablement « Ker Stank », la cabane sur l’eau, appelée aussi « la cabane flottante ».

Elle fut construite à proximité du Port, sur l’étang des Noues Pourries pendant l’hiver 2012-2013 par des camarades bretons, à partir d’une structure composée de tonnes à eau et de palettes dont quelques-unes reposent sur des souches d’aulnes quand d’autres flottent.

Vous ne saviez peut-être pas que les gendarmes l’avaient incendiée ?

C’était pendant la trêve.
Voilà comment la gendarmerie « déconstruit » nos maisons, comme elle a incendiée la cabane du Pré-Failly le vendredi 18 mai.

Perdre c’est les laisser vaincre

Il y a quelques semaines, Nicole Klein, préfète de Loire-Atlantique se félicitait dans les médias qu’aucun de nos lieux de vies n’ait été jusque là reconstruit. C’était évidemment faux, cela l’est d’autant plus aujourd’hui.
Reconstruire tout habitat détruit : c’était une promesse signée par « L’ensemble des lieux et des occupant.es de la ZAD ».

« Face à l’acharnement ; le talent de rester vivant Les hommes en bleus veulent tuer des idées, alors qu’ils ne savent meme pas ce que c’est brille brille, la survie en milieu hostile tâche de s’détendre au milieu des cendres les vautours tournent autour mais la zone grouille vibre gigote construit rebondit » [1]

La Tour, Youpi youpi, maintenant La cabane sur l’eau, Huguette ainsi que les multiples
constructions dont la gendarmerie n’a pas connaissance sont la poursuite de cet engagement qui, au-delà de nous être cher, nous constitue viscéralement. Il nous est chair.

Reconstruire est ainsi la réponse évidente à l’anéantissement de nos habitats, au déblaiement de leurs ruines et aux probables enfouissements et incinérations dont elles ont fait l’objet.

« Même pas mortes ! Même couchées on rétorque ! »
Et toc !

Retrouvée la vigueur

« Quoi qu’t’en dise on est pas morts
On obéit pas à tes ordres
Tu veux qu’on parte ? Mais on f’ra pas nos valises [...]
Tu veux nous atomiser ? Vas y envoie tes missiles !
On a déjà des champs d’keufs et des tanks à domicile
Notre logique n’est pas rationalisable
notre rage est notifiée Notre colère est quantifiable [...]
On attaque de front leur politique incompréhensible
On se défend comme on peut quand débarque les machines »

Vendredi 10 août, entre 7 et 8h du matin, les gendarmes bloquent la D281 au carrefour des Ardillères et au Bois Rignoux. Pendant ce temps, des tronçonneuses s’affairent à débiter les poutres, montants, traverses et autres planches qui constituent Huguette et la nouvelle Tour tandis qu’un drone survole la Grée et les alentours à l’affut de nos mouvements.

Huguette
« Ils croient qu’a force de mordre les dissidents perdront leur foi mais nos voix n’sont pas prêtes d’se taire faudrait qu’on nous enterre et les idées sont dans l’air rien ne peut les arrêter on sera dans le maquis comme les corses et à force de nous matraquer ça endurcit notre écorce »

Les vitres sont méthodiquement brisées par des individus hostiles, habillés de pare-balles, le sig sauer à la cuisse. Les matelas sont découpés à coup de couteau et les pneus d’un vélo crevés pareil.
C’est l’état de droit qui s’exécute.

« T’as cru nous faire mordre la poussière mais même pas mort.es !T’as justé défoncé l’décor […] tu crois peut-être nous enterrer sous tes machines ?! bah nan ! […] maintenant on prépare la revanche »

La tour
« [...] Ils sont parvenus au carnage pas à l’extermination Sous les cendres de la répression les braises de nos forces se décuplent Et on se prépare à l’action pour rendre chaque coup au centuple ! [...] »
Mur par mur (re)construisons nos maisons

A quelques pas de là un autre chantier a cours, celui-ci épargné de la visite des gendarmes (qui auront mis 2 semaines et demi pour s’en rendre compte).

Petit solivage au calme
« [...] Nous on reste vivants, mouvants, comme l’eau impossible à éliminer » On se répand on suinte à travers les champs on est l’épidémie du vivant envahissants comme la ronce [...] »
Façade sud-ouest
Façade nord-est
« Demain s’entête, l’histoire se répète [...] J’suis plus blindé qu’l’acier d’leur char d’assaut C’est quand le bateau coule qu’on apprend qu’on sait nager Des rafiots de pirates repêchent toujours les naufragées. »
Intérieur côté sud

A tous les vindicatifs
Cette cabane est un hommage à nos maisons détruites, dont des fragments constituent la cabane sur l’eau : Lama Sacrée, la Châtaigne, Mandragore, la Chèvrerie, la Tour, Huguette.
A ceux qui sont partis et celles qui doutent de rester.
Une dédicace à nos dossiers qui s’épaississent, à nos empreintes sous scellées, à toutes les épreuves surmontées déjà, tous les risques entrepris et ceux qu’ils restent à prendre.
Ce communiqué une invitation à venir reconstruire les cabanes qui sont tombées et défendre celles encore debout. Il reste du matos sur place, des outils et des bonnes volontés.
Voilà comment on négocie : sur plusieurs fronts à la fois.

Quant aux gendarmes qui liront ce présent communiqué ; sachez que nous assurons une présence permanente à la cabane. Que si vous voulez l’incendier de nouveau, bhein faudra nous brûler avec.
PS : Vous êtes des baltringues.

[1La plupart des textes sont tirés de l’atelier rap de mai 2018 « Même pas mort.es »

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