Politique et pratique

par Lia Cigarini et Luisa Muraro de la Librairie des femmes de Milan (1992)

paru dans lundimatin#192, le 21 mai 2019

À l’occasion de la réédition de Ne crois pas avoir de droits par les éditions La Tempête, nous publions ici un article traduit de l’italien (l’orginal est disponible ici) et écrit par Lia Cigarini et Luisa Muraro qui furent parmi les fondatrices de la Librairie des femmes de Milan en 1987. Cet article, écrit en 1992 et paru dans la revue « Critique Marxiste », fait un écho singulier au temps présent au travers d’une critique de la pratique politique de l’organisation, en particulier dans la tradition de la gauche, ou encore de la tentative de redéfinir la place de la politique dans la vie. Surtout, quelques années seulement après l’effondrement du Bloc de l’Est, ces femmes préfèrent le mot de « communisme » pour parler de leur pratique plutôt que celui de « féminisme » : par là, elles entendent entre autre le fait de « partir de soi » pour faire de la politique à partir d’une réalité vécue et de relations réelles.

La pratique de l’organisation

Nous sommes à chaque fois surprises de constater la difficulté que nous avons à nous faire comprendre au sujet de la pratique politique – pas seulement de son importance mais même de sa simple notion – y compris par des femmes et des hommes communistes. Cela nous surprend parce que la tradition marxiste a toujours mis l’accent sur la pratique. Il suffit de penser à Gramsci qui parlait de philosophie de la pratique pour indiquer la pensée propre aux communistes. Il est vrai qu’entre la culture de gauche et celle du mouvement des femmes la communication est entravée par une distance notoire de langages et de positions. Distance qui, à notre avis, est justement due à la différence des pratiques. Essayons donc de mesurer cette distance à la lumière des différentes pratiques politiques. Il nous semble que la pratique dominante dans la gauche soit encore l’organisation. En témoigne le fait que la gauche abonde d’organisations. Le parti est organisé, les mouvements sont organisés, la condition humaine elle-même (femmes, jeunes) est organisée, pour ne rien dire des ouvriers, des paysans, etc.

Aujourd’hui, on sait bien que cette pratique politique connaît une crise grave, qui fait corps, non sans raison, avec la crise de la gauche. Les organisations sont déconnectées de la réalité ; elles n’exercent aucune attraction sur les plus jeunes, sinon sur tous. En effet il semble bien qu’il y ait un refus généralisé de cette pratique sociale (bien qu’on ne puisse pas dire qu’il s’agisse d’un phénomène irréversible - mais ce n’est pas le sujet). Le mouvement des femmes, en ce qui le concerne, n’a pas d’organisation ni de coordination centralisée. Au contraire, il s’oppose positivement à toute forme d’organisation, y compris celle de la simple coordination. Et ceci depuis les origines. Il y a de temps en temps des tentatives d’innovation à ce sujet, mais elles ont toujours failli et n’ont même jamais pris sérieusement. Les pratiques des femmes : nous avons, au lieu de l’organisation, un certain nombre de pratiques dont beaucoup reconnaissent la validité, transmises d’une situation à l’autre et reprises également par des femmes plus jeunes ou par des femmes qui ne se considèrent pas féministes. C’est en ce sens seulement que l’on peut reconnaître un tissu unitaire.

La politique des femmes équivaut à un ensemble de pratiques, un ensemble dont la partie la plus stable et reconnaissable ne l’empêche pas de pouvoir varier et de varier souvent. Parmi les pratiques les plus importantes et les plus caractéristiques, la première consiste à partir de soi. Cela signifie qu’on emploie des mots, qu’on fait de la politique, non pour représenter ou changer les choses, mais pour établir, manifester, ou changer un rapport entre soi et l’autre-que-soi. Mais aussi entre soi et soi, dans la mesure où l’altérité traverse également l’être humain dans sa singularité. En d’autres termes, la pratique qui consiste à partir de soi conçoit toute parole et toute action comme une médiation, et exige de mettre bien au clair ce qui s’y joue de la part du sujet. Pour le démasquer ? Oui, éventuellement, mais aussi et surtout pour libérer ses énergies, souvent freinées par des représentations fallacieuses et des projets forcés. C’est de cette manière, à notre avis, qu’il est possible d’être disponible aux changements de la réalité.

Un large débat est né dans le mouvement à propos d’un projet de camp de la paix en Palestine à l’initiative d’un groupe de femmes. Cela a suscité discussions et critiques parce que dans cette initiative la manière dont elles sont parties de soi a manqué de clarté et n’a pas été mise au clair ; une femme formée à cette pratique, dans cette initiative-là – dont les bonnes intentions ne sont mises en question par personne – ne peut pas ne pas voir le risque d’un volontarisme et d’un activisme non étrangers à l’impérialisme occidental. Autre exemple, en positif. On nous a reproché de faire de la politique sans avoir déjà une analyse de la condition féminine. Un tel raisonnement présuppose (ou, peut-être, suit mécaniquement) un schéma qui n’est pas le nôtre.

En ce qui nous concerne, nous ne partons pas d’un cadre général, mais de contradictions vécues à la première personne (comme le blocage de la parole en lieux mixtes, l’attraction-répulsion pour le pouvoir, l’indifférence de la société face à des sentiments ressentis personnellement comme très importants etc.), que nous mettons au centre du travail politique. Aussi arrive-t-il que des éléments que la représentation dominante du monde reléguait aux marges, retrouvent un rôle central, qui correspond au fait qu’ils se trouvaient déjà au centre de la vie telle qu’elle est vécue. Beaucoup d’entre nous s’y sont reconnues, et cela a donné lieu à ce que l’on appelle le mouvement des femmes ; les idées et les textes issus de ce mouvement connaissent par ailleurs une circulation et une réception étendues . C’est à notre avis grâce à cette pratique qui consiste à partir de soi qu’aujourd’hui les femmes peuvent être vues et désignées comme « sujet fort » (Gaiotti de Biase, Unità du 10 juillet 1992), terme que, soit dit en passant, nous rejetons. Un tel résultat n’aurait jamais été atteint si dès le début nous n’avions pas mis au centre du discours politique – à la place de ce qui était, dans le discours de la gauche, la condition féminine – l’expérience vécue à la première personne. Nous observons en outre que ce procédé permettant de passer du cas concret à la théorie – procédé qui remplace celui plus ancien de l’abstraction - a été pratiqué par Freud avant nous : ses écrits en témoignent clairement.

Politique et non politique

Une autre pratique dans laquelle nous nous reconnaissons toutes concerne le passage du politique au non politique, qui n’est pas pour nous sans solution de continuité. C’est pourquoi, nous nous retrouvons aussi bien dans des lieux qui sont politiques que dans d’autres qui ne le sont pas, comme les librairies, les cercles d’amies, ou les maisons, et nous mêlons les occupations politiques à d’autres qui ne portent pas ce nom, comme les vacances, le temps libre, les amours, les amitiés. Nous ne disons pas que tout est politique, mais plutôt que tout est susceptible de le devenir. Ou, plus simplement, que nous n’avons pas les critères (ni intérêt à en trouver) pour séparer la politique de la culture, de l’amour, du travail. Une politique aussi séparée nous déplairait et nous ne saurions la mettre en place. À cette exigence de ne pas séparer la politique de la vie répond aussi l’usage de la parole, marqué également dans une certaine mesure par la pratique psychanalytique.

Dans nos discussions la prise de parole n’est pas codifiée ; nous supportons des temps morts, des silences, même prolongés, et des incidents en tout genre ; nous évitons autant que possible les discours déjà écrits, les interventions préparées. Les discussions sont par ailleurs traditionnellement autofinancées. Parmi d’autres initiatives elles donnent vie à un nomadisme politique, favorisé par la pratique de l’hospitalité, qui crée un réseau de rapports à travers lesquels circulent récits, cassettes, photographies, photocopies et textes imprimés. On dira que tout ceci est typique d’un mouvement relativement jeune et donc capable de vivre avec peu de moyens. Mais il y a là aussi un choix de pratique politique et un pari en faveur d’une politique dont les formes ne doivent pas supplanter les formes de la vie. Nous avons ainsi pour habitude de réfléchir sur les choses que nous faisons contextuellement, pendant que nous les faisons, ce qui offre, à celles qui agissent, la possibilité de corriger petit à petit leur manière de faire. D’autre part rien n’empêche (et les faits nous le confirment chaque jour davantage) que ces pratiques de notre invention se traduisent en pratiques communes à la vie sociale ou rejoignent des comportements féminins anciens, auxquels une signification de liberté féminine est alors restituée ou conférée : à ce point, on ne peut plus parler, au sens étroit, de mouvement.

La question du pouvoir

Dans son éditorial au second numéro de « Critica marxista », Aldo Tortorella reprend une phrase de l’archevêque de Milan, Martini, selon lequel « les dégâts sont à l’intérieur des hommes », et commente : oui, mais, de cette manière on s’apprête à conclure que la politique n’entre pas en compte. C’est pourquoi, ajoute-t-il, « nous avons tenté (et j’ai tenté moi aussi) de fournir une traduction institutionnelle et politique à la question morale ». On dirait presque, à ces mots, que la politique est essentiellement extériorité.

Nous admettons aussi que l’on refuse de conduire la politique dans le domaine de l’intériorité par une peur légitime de retomber ou de tomber dans une forme d’intégrisme. Mais il y a une question plus simple à soulever, à savoir d’où vient cette opposition entre intériorité et extériorité qui ne correspond pas à l’expérience effective. Certainement pas à l’expérience féminine si nous nous basons sur les pratiques qui caractérisent la politique des femmes. Avec l’opposition entre intériorité et extériorité, Tortorella et Martini se répartissent peut-être de manière équilibrée compétences et sphères de compétences. Mais cela semble correspondre à une nécessité de l’ordre de l’histoire (et de la société) plus qu’à l’expérience humaine commune et confirmée par l’expérience politique des femmes. Il est donc possible que la nécessité de maintenir cette opposition, et de conserver la politique dans l’extériorité, ne provienne pas tant de la peur de l’intégrisme que de la question du pouvoir ; un pouvoir partagé en deux est, indubitablement, un garde-fou contre l’intégrisme.

La question de la pratique politique rejoint ainsi la question du pouvoir, centrale pour la politique (comme pour la vie des êtres humains et pour la vie en général).

La pratique de la disparité

Aujourd’hui, dans le mouvement des femmes, beaucoup consacrent du temps à réfléchir sur ce thème, auquel nous sommes arrivées à travers la pratique de la disparité et le débat qu’elle a suscité. On a commencé à parler de pratique de la disparité dans les années quatre-vingt, pas avant. Nous y avons été amenées (et nous faisons ici référence à la Librairie des femmes de Milan en particulier) par le fait que nous n’avons pas d’organisation ni de rôles, ni de fonctions, ni d’autres dispositifs pour systématiser les disparités réelles. Ce qui nous exposait sans défense aux émotions fortes suscitées par la disparité. La pratique de la disparité est née comme réponse à ce problème. Sa formulation, d’une part, et son acceptation, de l’autre, sont entravées par l’égalitarisme qui caractérise la culture de gauche. Pour simplifier, nous disons qu’il s’agit de ne pas étouffer et de ne pas se défendre du sentiment d’une disparité par rapport à une semblable lorsque ce sentiment se fait sentir à l’intérieur de soi. Mais plutôt de le prendre comme signe du réveil d’un désir, en faisant du rapport de disparité le levier de la réalisation du désir lui-même. Comme on peut le voir, il ne s’agit pas, comme certains ont cru, de confirmer les disparités d’une société injuste.

Cependant, le sentiment de la disparité, que cette pratique invite à ne pas étouffer, peut aussi être suscité par ce type de disparité-là. Nous nous trouvons donc à nouveau face à une pratique qui dépasse la séparation entre réalité intérieure et réalité extérieure, puisqu’elle les rend traduisibles l’une dans l’autre. De la pratique de la disparité, que l’on appelle aussi « la porte étroite », celles qui l’acceptent disent qu’il s’agit d’un passage essentiel. Elle est en effet vitale pour une politique de la liberté féminine, dans la mesure où elle produit de l’autorité féminine au lieu de produire du pouvoir. Ce point est aujourd’hui au centre d’une réflexion dont nous ne pouvons anticiper l’issue. Nous sommes nombreuses à nous être orientées vers une politique centrée sur l’autorité et décentrée du pouvoir ; cette orientation nous semble par ailleurs donner l’interprétation la plus précise du mouvement des femmes : interprétation qui bien sûr n’est pas sociologique mais politique, et qui est un pari sur le sens de la réalité qui change.

L’intérêt que nous portons à cette approche se résume dans la considération suivante : le pouvoir est homologuant et détruit la différence féminine comme toute différence qualitative. Ce n’est pas une découverte originale que nous avons faite. Comme d’autres l’ont déjà observé à propos du mouvement ouvrier, la conquête du pouvoir ou l’objectif constant de cette conquête a conduit à perdre de vue la motivation originaire qui était de créer une société plus libre et plus juste.

Autorité et pouvoir

Nous apportons un élément en plus qui est la possibilité, expérimentée pratiquement, de créer dans les rapports sociaux une autorité sans pouvoir. En allant jusqu’à la destruction de toute forme de pouvoir ? Notre formule, aujourd’hui, est la suivante : « le maximum d’autorité avec le minimum de pouvoir ». Nous faisons une proposition volontariste : la plupart des femmes, en effet, sont opprimées intérieurement par le pouvoir, par sa logique et par ses symboles. En témoigne le fait, à notre avis trop peu pris en compte par la gauche, que les stratégies pour accéder aux postes de pouvoir, tentées sous des diverses formes (égalité des opportunités, actions positives, politiques des quotas, représentation féminine), fournissent des résultats qui étonnent par leur médiocrité. On le constate également dans des pays d’émancipation avancée, comme les États-Unis, où, par exemple, vingt ans d’ « actions positives » pour faire entrer plus de femmes au parlement ont abouti à l’augmentation d’un seul pourcent, de 16 à 17% (selon l’Herald Tribune du 15 juillet 1991).

La faiblesse de ces résultats contraste avec la visibilité et l’autorité que les femmes acquièrent peu à peu dans la vie sociale. Si cela vaut pour une grande partie des femmes, nous ne savons pas si c’est aussi le cas pour les hommes, en dehors d’une petite minorité chez laquelle il est facile de reconnaître notre propre dégoût pour une politique réduite à une lutte pour le pouvoir. Il manque, en effet, du côté masculin, un travail de prise de conscience. Nous ne pouvons donc pas savoir combien la possession du pouvoir compte pour un homme et pour la sexualité masculine. En conséquence, nous ne savons pas si la gauche, dans son ensemble, peut agir politiquement sans être marquée par le sceau du pouvoir, sceau qui équivaut, faut-il préciser, à un ordre symbolique. C’est-à-dire, à un langage.

Le refus de ce langage nous a fait nous sentir, par le passé, étrangères à la politique. Mais plus maintenant : aujourd’hui, si nous faisons de la politique, c’est en affrontant l’emprise du pouvoir sur l’existence humaine. Afin que nous pussions faire de la politique avec des hommes, il est indispensable qu’il y ait une prise de conscience masculine sur le pouvoir. La spontanéité masculine se laisse en effet infiltrer par le langage du pouvoir, ce qui interdit toute possibilité d’entente.

Contre le capitalisme

Nous ne manquons pas, par ailleurs, de désir d’échanger, et le cas échéant, d’arriver à une entente avec des hommes engagés dans la critique et la lutte contre le capitalisme. Il y a chez nous deux, comme chez les autres, une aversion pour le capitalisme qui nous pousse à rechercher des alliances avec des personnes ou des groupes qui le combattent, tout en étant bien conscientes que notre anticapitalisme a probablement des raisons qui ne coïncident pas avec celles de la gauche traditionnelle. Mais ce n’est pas en soi un obstacle si l’échange se produit.

Les raisons de notre opposition à la synthèse capitaliste sont de deux types. Il y a les raisons spontanées de la condition humaine féminine : celle-ci, comme ce fut souligné par Claudio Napoleoni dans Cercate Ancora [Cherchez encore], se soustrait sous certains aspects à la compréhension capitaliste. Il y a les raisons de notre pratique politique, qui fait de la relation d’échange à deux basée sur la confiance – relation marginale dans une société capitaliste – la médiatrice de la liberté féminine. Dans cette recherche d’un échange, qui est déjà une tentative d’échange, nous mettons au premier plan la question de la pratique parce qu’il nous semble qu’elle peut donner la juste mesure des difficultés comme des opportunités que nous avons devant nous.

Nous attribuons au manque d’une pratique politique adaptée, plus qu’à la confusion mentale, la divergence visible au sein de la gauche, entre ceux, nombreux, qui cherchent anxieusement à s’assimiler (pas toujours par simple conformisme) et d’autres qui sont enclins à des comportements apocalyptiques et se désintéressent presque de ce que la réalité présente d’irrésolu ou de suspendu. Ce problème n’est pas des moindres pour nous et il n’est pas négligeable : la partie n’est pas perdue, comme pensent les uns, ni déjà jouée, comme pensent les autres. Il est clair que les règles du jeu (autrement dit : du sens de la réalité qui change) ont énormément changé. Mais nous soutenons que si l’on a une pratique le désarroi n’est jamais total.

Lorsque l’on a une pratique, on est en mesure de faire face à la réalité présente selon les modalités imposée par cette réalité (et ce sont sans aucun doute aujourd’hui des modalités difficiles pour un anticapitaliste) sans devoir renoncer à soi-même, à son expérience particulière, à ses propres désirs. Il est vrai que cela vaut si le soi-même, l’expérience particulière et les désirs propres ne requièrent pas la possession du pouvoir ; la question précédente revient alors avec la nécessité d’une prise de conscience sur la question du pouvoir, y compris au niveau personnel.

Le mouvement communiste a été démenti dans sa politique prométhéenne. Mais la réalité qui l’a démenti a en même temps témoigné de son indépendance vis-à-vis de nos projets, et non de son hostilité. C’est une grande différence que seule la volonté de domination échoue à saisir.

Communisme

L’invention et l’attention portée à la pratique, dans le mouvement des femmes, ont une telle importance, et cette importance y est à ce point ancrée – au moins dans le cas italien que le mouvement international des femmes a fini par remarquer – qu’elle impose presque d’abandonner le terme de « féminisme » pour nommer plutôt la pratique, fondamentale, de la relation entre femmes (pratique où se retrouvent les différents points que nous venons d’exposer). Nous le disons en ayant en tête le terme de « communisme ». Beaucoup de femmes donnent volontiers ce nom à leur anticapitalisme tout en craignant sa charge idéologique dont le poids risque de faire le vide sous lui : un vide d’existence et d’effectivité authentiques. Lors de la réunion avec la rédaction de « Critique marxiste », le 3 juillet dernier à Rome, alors que nous partagions le sentiment de difficulté que beaucoup exprimaient à propos du temps présent, nous avons aussi perçu à plusieurs reprises une tendance au catastrophisme, symptôme d’une difficulté bien plus grave, celle de vivre le présent dans ce qu’il a de vivant. Difficulté due, nous semble-t-il, à l’envie de se maintenir dans un cadre désormais démenti et au poids excessif accordé à ces démentis.

La pratique qui consiste à partir de soi, dans un tel contexte, signifie qu’on peut parler de communisme s’il commence à exister au sein des relations qui se nouent là où on parle de communisme. Et il est possible qu’il y ait finalement plus d’exactitude et de signification à mettre en mots la pratique plutôt qu’à parler de communisme. Là où il y a pratique, les noms viennent d’eux-mêmes, changent et, parfois, se représentent sous un autre jour.

Lia Cigarini, Luisa Muraro

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