Manifestation contre le projet d’autoroute A69

[Film]

paru dans lundimatin#382, le 9 mai 2023

« Quand bien même, parmi nous, certain.e.s sont peureu.x.ses, fragiles, étranges, nous redimensionnons les contours de l’amitié et du partage.
Comprenez-vous l’humilité de nos idées ? Nous avons beau être beaucoup, nos désirs sont petits : à hauteur d’âme.
Nous ne voulons pas de la paix policière, ou de la tranquillité bourgeoise, nous ne voulons pas de sécurité armée, ni de bombes à anxiété programmée. »

Camp magique, sous la pluie fine d’un mois d’avril bientôt fini.

Comme une amitié qui se construit en quelques semaines, non en quelques secondes et qui se déroule dans la confiance comme dans l’urgence.

J’ai été bénévole chiotte.

J’ai été petite joueuse avec ma caméra, j’avais peur que ça parte en couille, que ce soit trop le zbeul, type Sainte-So.

J’ai pas de casque, quand il pleut des lacrymos je mets mon masque époque covid... je suis pas de celleux qui ont un corps d’anguille souple et tendu en réflexes précis et dirigés. Moi je saute mal au dessus des fossés, je me cogne dans les panneaux quand je filme à côté...

Trop facile, dans nos douleurs, dans la foule, et nos luttes communes, dans la clameur, d’aimer, d’aimer fort. On était là, qu’on soit 1000 ou 8000, on était là comme un symbole, comme une danse infiniment et différemment incarnée.

Nous sommes l’extrait sensible de la cohésion, de l’amour, de la connivence.

Sentez bien la taille de nos cœurs quand nous sommes ensemble, sentez vous comme nous sommes grands et indestructibles ?

Quand bien même, parmi nous, certain.e.s sont peureu.x.ses, fragiles, étranges, nous redimensionnons les contours de l’amitié et du partage.

Comprenez-vous l’humilité de nos idées ? Nous avons beau être beaucoup, nos désirs sont petits : à hauteur d’âme.

Nous ne voulons pas de la paix policière, ou de la tranquillité bourgeoise, nous ne voulons pas de sécurité armée, ni de bombes à anxiété programmée.

Nous voulons des terres creusées et sillonnées de lombrics et de taupes étoilées, nous voulons des chants de révoltes lancés hauts vers les cieux, des arbres devant les yeux, des graines dans les cheveux. Du temps pour voir pousser ce qui pousse et voir se flétrir ce qui doit vieillir.

Nous voulons des rivières heureuses, tumultueuses, palpitantes.

Nous voulons des gosses différents, incatégorisables et à qui on fouttera la paix.

Nous voulons nous mêler, parader ensemble sous la pluie fine des fins de mois d’avril, autant que nous en mêler de ce que vous considérez être vos oignons, oignons qui d’ailleurs pourraient être comestibles si vous ne les trituriez pas de la sorte. Nous voulons nous en mêler lorsqu’il s’agit de gestions des terres, des eaux, des êtres et de l’air.

Nous allons tellement nous en mêler qu’enfin ça va finir par nous ressembler.

En fait, sachez qu’on ira pas plus vite, Nous sommes déjà en excès de tout : de vitesse, d’égo, de bassesse. Face aux vastes et rapides stupidités que vous enchâssez dans la croute terrestre, nous choisissons la modestie des gestes et leur sens profond.

Ici ou ailleurs, j’apprends et pratique ce nouvel état d’être : Ensemble.

Multiple mais intègre et compréhensif, comprenant qui de nous est prêt.e à s’insurger, à désobeir, à résister contre la grande fourberie-crapulerie capitaliste.

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