#JusticePourThéo Manifestation à Paris, affrontements dans les villes limitrophes

Faut-il soutenir les émeutiers ?

paru dans lundimatin#92, le 8 février 2017

[MàJ : un nouvel appel à manifester ce mercredi à 18h à Ménilmontant circule sur les réseaux sociaux] On s’en doute, la panique guette jusqu’au plus haut sommet de l’État. L’agression, l’humiliation et le viol d’un jeune habitant d’Aulnay par des policiers pourrait être l’étincelle qui embrase les banlieues françaises. Étrange télescopage médiatique auquel nous assistons : d’un côté le commentaire infini sur les élucubrations pathétiques d’un candidat à l’élection présidentielle et de ses communicants, de l’autre, la vérité crue et sans fard de l’humiliation quotidienne vécue dans les quartiers populaires.

Il s’agit d’abord de sécuriser préventivement Aulnay : éclairage public coupé, déploiement et quadrillage policier de toute la ville, des tirs de dissuasion à balles réelles.

Mais le ministère de l’Interieur le sait mieux que quiconque, dans ce genre de situation explosive, la communication est tout aussi importante que la force. Le maire d’Aulnay (LR) s’indigne dans un communiqué, François Hollande se rue au chevet du jeune homme mutilé, soyons rassurés la guerre doit s’arrêter.

Si l’on se fie aux communiqués de la préfecture abondamment relayés dans les médias, la nuit du 7 février a connu un relatif « retour au calme » à Aulnay, enfin.

Il suffit pourtant de suivre les réseaux sociaux pour comprendre qu’en réalité, l’incendie a commencé à se propager dans les villes limitrophes.

C’est d’ailleurs ce que concède Philippe Lefebvre, secrétaire départemental du syndicat SGP Unité Police sur France Inter :

« Jusqu’à présent depuis l’interpellation (sic) de jeudi soir, les faits, on va dire les violences urbaines se centralisaient sur Aulnay. Malheureusement cette nuit ya une vocation à se disperser parce que ce sont plutôt sur les communes limitrophes d’Aulnay où on a pu constater encore de violents affrontements, avec des moyens des jets de cocktails molotov, qui plus est de nouveaux équipements, dirais-je, de violence urbaines, pourquoi ? Parce qu’on vient d’avoir des photos de chariots de supermarchés remplis de bouteilles elles-mêmes remplies d’essences et projetées bien évidemment sur nos collègues. »
— Dans quelles communes ?
« On a Clichy-sous-bois, on a Sevran, on a Montfermeil, on a, voyez, Villepinte, donc on est véritablement en périphérie directe d’Aulnay-sous-bois avec notamment une concession automobile qui a été mise à sac avec plus d’une dizaine de véhicules qui ont été incendiés dans la nuit. »

Manifestation sauvage à Ménilmontant

Même silence à propos d’un rassemblement spontané dans le centre de Paris. Dans l’après-midi, un appel à se retrouver à 18h à Ménilmontant avait circulé sur les réseaux sociaux. Les centaines de personnes attendues puis nassées par un impressionnant dispositif policier sont parvenues à briser le dispositif et manifester dans les rues.

Nos amis de Doc du réel nous communiquent à l’instant leur reportage sur place :

Sur facebook, des manifestants racontent :

"Plus de 500 personnes répondent présents, mais de nombreux policiers et gendarmes sont disposés tout autour de Ménilmontant pour empêcher un départ en manifestation sauvage. Rapidement, une première nasse prend forme, mais l’autre moitié des manifestants encercle les policiers qui enferment nos camarades. Les gens de l’intérieur répondent à ceux de l’extérieur par des slogans : « Tout le monde déteste la police », « Flics, violeurs, assassins », « Tout le monde déteste les violeurs », « Tous les flics sont des bâtards » et bien d’autres.

La pression est si forte que la nasse éclate, pendant que des manifestants empêchent des camions de CRS de se disposer. Dans la panique, deux manifestations d’environ 200 personnes chacun prennent forme. La plus conséquente ira jusqu’à Bastille en passant devant le commissariat du 11e. On peut lire sur la banderole de tête « Hier on noyait les Algériens, on tue toujours dans les cités. La solidarité est notre seule arme. » ! L’autre remontera vers le haut de Ménilmontant, puis mènera les flics en bourrique dans des petites rues qui verront les murs se recouvrir de plusieurs tags contre la police et ses crimes, ainsi que son racisme."

Crasse

Notons enfin que l’occultation médiatique peut parfois laisser place à l’indécence la plus crasse. Ainsi, le Huffington Post n’hésite pas à gratifier ses lecteurs de cette « caricature » sordide.

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