Je danse le Christophe Castaner

« Et le jour où je me ferai trop chier, j’irai ouvrir une paillote au Cap-Vert. »

paru dans lundimatin#191, le 13 mai 2019

Suite à l’émission télévisée « Au tableau », où le ministre de l’Intérieur explique à des enfants comment il se relaxe avant une interview, j’ai décidé d’appliquer ses méthodes sur moi et l’effet en a été pour le moins surprenant. Pendant quelques minutes, je suis entré dans la tête de Christophe Castaner...

Putain, j’en ai marre de ces mocassins ; moi, ce que je préfère, c’est les tongs. Franchement, rien de mieux.

Oh, j’ai une heure devant moi ! Trop bon, allez. Petit jogging — c’est la pause. Et alors, ces chemises infroissables, pas besoin de les repasser, mais qu’est-ce que ça gratte…

Elle est pas mal ma barbe, là.

Qu’est-ce que j’ai faim... Je suis rincé. J’en ai marre de la soupe-salade, je vais me remonter le moral. Allez Casta, à la pesée, mon poulet ! De dieu ! 6 kilos !

Bravo Casta… T’as perdu, depuis que t’es à Beauvau… T’as bien mérité un pim’s à la framboise. Mais un, pas plus !

Il est vraiment mieux, le jardin, qu’à Matignon… Par contre, les poules de Cazeneuve elles sont vraiment moins cool que Doudou. Rho… ça arrête pas de sonner. Allez, jambes en tailleur… Le dos bien droit. Rappelle-toi d’une belle image, Casta… A la passation de pouvoir entre Flambi et le boss. Toujours le tailleur parfait. Droit dans ses bottes face à Fabius ah lalala… trop bon léchage de bottes intégral : « Monsieur le président de la République, vous avez eu 20 750 266 voix. » Oh oui Lolo, continue… Toi et tes potes, vous avez tellement fait les malins toute votre vie. Là, vous savez que c’est la fin du bal, saloperies de Parigots. Casta le Simplet, Casta le Kéké, ça vous apprendra à m’avoir pris pour un bouseux. Bientôt vous lécherez les semelles de mes Gucci sans même que j’ai besoin d’un flashball. Et le boss qui serre la main à tous ces vieux croulants sur Don Giovanni… Trop bon ! Oh, le boss il a même osé mettre la musique de Tex Avery… Il est trop fort ! Brahms… j’en pleure encore.

Bon, c’est pas en pensant à tout ça que tu vas te détendre. Tu le sais, Casta, le stress, ça va te faire des cheveux blancs. Allez, mains sur le tan-tien, tu vas chercher les mauvaises énergies au fin fond de ton ventre et tu les expulses… J’inspire. J’expire. J’inspire. J’expire. Dire qu’à la télé, aux gosses, j’ai dit le « Diem-Tien »… ça va, j’ai juste eu ma prof qui m’a engueulé. J’inspire. J’expire... Oh non ! Il vibre encore. Je croyais que je l’avais coupé… Nunez… Qu’est-ce qu’il a mon ourson ? Retard d’un quart-d’heure pour le RDV avec les Avendgers. Top ! Ça me laisse le temps de plonger dans le fond de mon Dem-Tien… une belle image… Bali ? Non. Une cueillette de sanguins ? Non. Marseille ? Ouaaii, grave.

La bagnole, la zone dans Mars’. Rouler pépère toute la nuit, griller clope sur clope, feu sur feu. A cinq dans la caisse avec Kéké, Joe et Tom, on parle de tout, de nous, du monde, jusqu’à ce que les larmes nous montent. Réparer des lave-vaisselles le week-end pour se faire trois sous et se les cailler sur un rond-point, c’est mort. Moi, je veux tout niquer. La vie elle est courte, merde. Le fric tient le monde par les couilles. Je vais prendre le fric, ils auront pas mes couilles. Les yeux injectés de sang, je sais même plus où la caisse nous mène. Se laisser bercer dans l’ivresse entre soirée-délire et sirène de flic. Ivresse, tiens, rien que de le dire, ça me fait rire… Pété, défoncé, démonté. Ready to fight ! Oh merde ! Manosque ! Je m’en étais même pas rendu compte. Il est quelle heure ? 3 heures. Au dessus de l’Oasis, ça doit encore jouer. Le grand blond doit être là. C’est le premier qui a cru en moi. Transpercé au 9 millimètres. Oh Casta… c’est pas comme ça que tu vas trouver ton sourire intérieur.

Allez, un petit Bardouin ! Avec juste un glaçon. Pas plus. Je devrais prendre des notes de mes pensée. Musique :

Tu es fada je crains dégun, je vous prends tous ici, un par un !

Rho… encore un message : Lallement. Je serai à l’heure, chef (Il m’appelle chef). Quand il débarque en rangers et pantalon commando, celui là, c’est du sérieux. J’ai essayé de lui faire la blague de la mamie. Tu connais la seule mamie qui fait peur au voleur ? Il m’a dit : négatif, chef ! Mamie Traillette. Il a même pas eu un rictus.

Hey DJ met nous donc du Funk, que je danse le MIA
Je danse le MIA
Fait pousser le Pioneer à fond pour danser le MIA
Je danse le MIA
Ce soir les bagues brilleront pour danser le MIA
Je danse le MIA

Ah, un texto de Buzyn : au secours coach Casta ! Oh, plus tard… C’est pas vrai, ils se refilent tous le filon. J’en ai marre de me répéter : phrase simple et voix veloutée. Pas trop réfléchir. Le pouvoir, c’est un peu comme être chirurgien ; parfois, t’as une seconde pour décider. L’instinct avant tout. Allez, un petit morceau et je finis mon Bardouin (le pastis de chez moi, le meilleur du monde) !

Voilà comment tout s’aggravait en un quart-d’heure
_Le frère rappliquait ’oh comment tu parles à ma sœur’
Viens avec moi, on va se filer
Tête à tête je vais te fumer derrière les cyprès
_Et tout s’arrangeait ou se réglait à la danse

Bientôt la nouvelle saison de Young Pope. Il est tellement bien monté, Jude Law. J’aimerais bien avoir ses fesses. Il a un peu les mêmes yeux que ceux du boss.

Du grand voyou à la plus grosse mauviette
La main sur le volant avec la moquette
Pare-soleil Pioneer sur le pare-brise arrière
Dédé et Valérie écrit en gros ; sur mon père !

Je lui ai jamais parlé, je crois, de ma théorie du cliquet. Ou la conquête du pouvoir cranté  : ça, c’est plus classe, quand même. L’idée, c’est qu’il faut toujours faire mieux pour atteindre le palier suivant. Quand on est à 100, je mets la pression à mes proches et d’abord à moi-même pour atteindre 110. Puis 120, et ainsi de suite... Pour l’instant, Boss, t’es devant, mais oublie pas qu’en 2016 j’ai fait le tour du 04… 310 kilomètres à pied pour parler aux cons qui votent. J’encaisse. C’est ça ma stratégie, gars. Une vieille de mon bled, elle a dit : « Celui là, il ne trouve plus de chapeau à sa taille ». Oublie pas que j’ai un playmobil pirate géant dans mon bureau. Un jour, je t’appellerai Manu et je serai à ta place.

Je danse le MIA, pas de pacotille
Chemise ouverte, chaîne en or qui brille
Des gestes lents ils prenaient leur temps pour enchaîner
Les passes qu’ils avaient élaborées dans leur quartier
C’était vraiment trop beau
Un mec assurait tout le monde criait ’Ah oui minot !’
La piste s’enflammait et tous les yeux convergeaient
Les différents s’effaçaient et les rires éclataient
Beaucoup disaient que nos soirées étaient sauvages
Et qu’il fallait rentrer avec une batte ou une hache

Tous les politiques ont de l’ego. Ou alors ils mentent. Y a pas longtemps, je téléchargeais encore la Provence à 5 heures du matin pour voir s’il y avait ma photo dans l’édition du jour. Bientôt une équipe entière le fera pour moi. Casta Président. Et tout le monde aura oublié le Qui ne saute pas n’est pas Macron. Je suis l’instinct. A la fin de mon livre, je conclurai : Pour être président, j’ai décidé d’être plus con que le plus con des cons

Et le jour où je me ferai trop chier, j’irai ouvrir une paillote au Cap-Vert.

Merci à T. de m’avoir ouvert le Diem-Tien de Casta en me rappelant « Je danse le mia »

Byron La Chapelle

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