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Pont au double
Vendredi 14 novembre 1969 : arrestation de 180 militants.
Samedi 15 novembre : arrestation de 2651 personnes au cours de la journée de manifestations pour la paix au Vietnam et la victoire du F.N.L..
40 000 policiers continuent d’occuper Paris.
Mardi 18 novembre - 13h30 : largage d’un mannequin au Pont au Double, Paris, Quartier Latin.
13h35 : la foule se précipite sur les quais. Réactions diverses. Les gens ont tout vu, éveil progressif. Le groupe alerte les journaux (Paris-Jour, l’Aurore, France Soir, l’Humanité, le Figaro, le Parisien Libéré, A.F.P.).
13h45 : 30 policiers en uniforme convergent sur les lieux. La foule est plus nombreuse rive gauche ; elle s’amasse également rive droite et sur le petit Pont. Deux flics téléphonent aux pompiers.
13h50 : Le mannequin se dirige vers la berge rive droite. Deux policiers se précipitent pour tenter de le récupérer mais le courant le déporte à nouveau vers le milieu de la Seine. La foule est maintenant compacte sur les quais et sur le Pont Saint-Michel. Commentaires et inventions se développent. L’imagination de la foule déborde. Certains jeunes invitent les policiers à plonger. Le groupe disséminé parmi les bouquinistes et sur le pont distribue le testament du mannequin (texte ci-dessous). Apparition de plusieurs policiers en civil.
La foule est énorme.
14h : une vedette de la brigade fluviale surgit en amont. Le mannequin est hissé à son bord. Il porte son testament dans une bouteille pendue au cou.
14h03 : La vedette repart. Deux camions de pompiers arrivent. Sirènes. De nouveaux arrivants questionnent, les gens racontent, inventent, l’anecdote enfle.
14h10 : Départ des pompiers vers la fluviale pour tenter de sauver le « noyé ». Certaines personnes qui n’ont pas assisté à la récupération du « noyé » réclament de nouvelles recherches.
Testament pour les automates
Un fantoche se noie, on le repêche, les gens arrivent, ils viennent au spectacle.
Certains vont être amenés à commenter l’évènement, d’autres vont agir, peut-être trouvera-t-on un sauveteur pour ce mannequin.
Une fois encore vous êtes sensibilisés sur RIEN ; une fois encore vous êtes entraînés dans une comédie ridicule comme vous l’êtes chaque jour par le pouvoir, qui, à force de sollicitations creuses, endort votre lucidité, vos réflexes et votre créativité.
Quant à l’appareil policier qui n’a pas manqué de se déplacer pour prendre brillamment l’affaire en main, il aura pour un moment quitté les points de guét ou de surveillance pour collaborer au coté de la foule au sauvetage et à l’identification d’un mannequin !!!!
OU EST LA COMEDIE ?
QUI SE DONNE EN SPECTACLE ?
LES FLICS OU LE PANTIN ?
LE POUVOIR OU LE FANTOCHE ?
REVEILLEZ-VOUS...
Par des parasitages successifs, nous tous, nous rendrons aux gens leur lucidité, leurs réflexes et leur créativité.
Personne n’a le droit de nous endormir, en s’opposant à tous les anesthésistes, nous commencerons la révolution socialiste.