L’évènement, anecdotique, a toutefois provoqué quelques réactions dans la fachosphère. Dès l’annonce de l’interdiction de la conférence de samedi par la mairie, la rédaction d’Egalité et Réconciliation s’estimait visée par la décision. Samedi, E&R relatait l’entartage comme une attaque contre ses « soutiens » menée par des « antifas ». Dimanche, Riposte Laïque accusait au contraire des « graines de fascistes », des « petits fascisants ». A l’évidence de sérieux désaccords traversent la fachosphère.
Dans un courageux « ni-ni », Résistance Républicaine y allait dimanche de son laïus voltairien sur la liberté d’expression : « Marion Sigaut est notre ennemie mais elle a le droit de dire ses salades manipulatrices ». Résistance Républicaine résumait ainsi les positions des autorités, qui ont dépêché samedi « quatre ou cinq véhicules de la gendarmerie et nombre de gendarmes » pour protéger Marion Sigaut d’un nouvel entartage.
Dimanche soir, le visage crémeux de Marion Sigaut était en une de RT France.
Qu’a-t-elle fait pour mériter cet entartage ? Comment expliquer l’important soutien médiatique dont elle bénéficie dans la fachosphère ?
Intriguée par cette curieuse affaire, la rédaction de lundimatin a décidé d’enquêter sur Marion Sigaut. Catholique intégriste et royaliste, cette historienne (ce titre lui venant d’un DEA obtenu en 2005) travaille essentiellement sur la société d’Ancien Régime, et l’histoire des droits sexuels. Sa conception de l’histoire, exposée dans quelques livres ainsi qu’un certain nombre de vidéos, consiste à peindre une France paysanne idyllique succombant sous les assauts inlassables de l’Antifrance, assemblée de criminels sexuels, d’usuriers étrangers, de forains, mais aussi d’instituteurs dépravés enseignant la sodomie aux garçons et forçant les filles à être lesbiennes. La Révolution Française est pour elle la mère de toutes les conspirations, le début de la fin de la France. Au nom de la perfection d’une communauté organique fantasmée et de son organisation corporatiste, elle prétend s’opposer au capitalisme – parce qu’elle croit que les corporations n’étaient pas capitalistes.
Elle qui prétend « faire de l’histoire, pas de la politique » n’a curieusement trouvé aucune autre maison d’édition pour publier ses livres que Kontre Kulture et Civitas. « Depuis que j’ai rencontré Alain Soral, ma vie a changé, je reçois des flots d’amour », déclare-t-elle dans Foi de dissidente, un livre d’entretien avec Alain Escada, patron de Civitas. Mais quel rôle joue-t-elle précisément dans la machine soralienne ? La réponse lundi prochain avec une enquête exclusive de lundimatin.