En réponse aux accusations d’antisémitisme proférées contre lundimatin

paru dans lundimatin#160, le 13 octobre 2018

Nous n’avons pas l’habitude, en tant que lundimatin, de participer aux multiples polémiques qui font le sel des réseaux sociaux, quand bien même celles-ci seraient dirigées contre nous ou contre tel ou tel article de l’un de nos contributeurs. Nous considérons que ces espaces cybernétiques, du fait leur immédiateté, du nombre de caractères limité et de leur virtualité, sont peu propices à des discussions rigoureuses et argumentés et génèrent trop souvent des kilooctets de mauvaise foi ou de mesquinerie. Notre usage de ces réseaux se limite donc à la diffusion de nos articles afin qu’ils acquièrent une plus grande visibilité et touchent éventuellement un lectorat qui ne nous connait pas ou ne nous lirait pas. Pour le débat d’idées, nous essayons qu’il ait lieu sur le site ou dans la vie.

Lundi 8 octobre, nous avons dérogé à cette ligne de conduite après qu’un lecteur nous a signalé qu’une page facebook nous accusait publiquement d’être un site antisémite, accusation grave s’il en est. L’anathème jeté reposait sur une phrase extraite d’un article d’Éric Hazan publié il y a 3 ans et demi et qui nécessite de toute évidence une clarification de notre part.

Dans l’article incriminé dont cette phrase pour le moins maladroite et ambigüe est extraite, Eric Hazan relève l’hypocrisie des hommages et commémorations « républicains » faites aux communards et aux juifs déportés et résistants, au vu de ses actions historiques et présentes réelles. À la division dominante entre « républicain » et « non républicain », il en ajoute une autre qui traverse la première pour en déplier les contradictions. Sans vouloir ni avoir la capacité de ventriloquer pour Eric Hazan que nous avons sollicité pour qu’il précise sa pensée, il nous apparaît évident que ses positions depuis de longues années autour du conflit israelo-palestinien notamment, relèvent du même geste : contester qu’une « identité juive » puisse coïncider avec l’appareil étatique et idéologique israélien. En cela, force est de reconnaître que la phrase : « De telles plaques, il y en a beaucoup sur les murs de Belleville, qui rappellent le temps où les juifs n’étaient pas du côté du manche. » en tant qu’elle généralise et assigne « les juifs » d’aujourd’hui à un « côté du manche » est contradictoire avec la position défendue dans l’article lui-même et celles tenues par Éric Hazan tout au long de sa vie et de ses publications. Ajoutons et concédons que sortie de son contexte elle pourrait parfaitement trouver sa place dans la logorrhée antisémite d’un Soral ou Dieudonné. Mais comme nous connaissons Éric Hazan, ses positions et que nous avons lu le texte dans son intégralité, nous considérons que cette phrase est une maladresse que nous nous devons de souligner et qu’il corrigera sans aucun doute, dès qu’il en aura l’opportunité. [1]

Bien que nous ayons immédiatement concédé l’erreur qui fut la nôtre de ne pas avoir fait amender le texte en question, les initiateurs de cette polémique continuent de propager le syllogisme qui voudrait que cette phrase seule fasse du texte dont elle est extraite un texte antisémite, qu’Éric Hazan serait donc antisémite et donc qu’une phrase publiée parmi plus de 1500 articles ferait de lundimatin un site antisémite. S’ils sont évidemment libres et responsables de leurs raisonnements comme des anathèmes qu’ils postent et tweetent depuis leurs ordinateurs, leur démarche nous apparaît non seulement malhonnête et diffamatoire mais surtout dangereuse en tant qu’elle déprécie une intransigeance pourtant nécessaire face à l’antisémitisme.

[1Certains utilisateurs de twitter nous ont aussi signalé que ce passage leur paraissait relever d’un raisonnement antisémite : « La LICA dont ces plaques font mention n’avait rien à voir avec l’actuelle LICRA, officine qui soutient inconditionnellement l’État d’Israël : elle défendait les juifs pauvres, souvent communistes, toujours persécutés. Souvenons nous de ce temps où « juif de droite » était un oxymore et où la cause des juifs était celle de tous les opprimés, saluons la mémoire d’Albert et Raphaëlle Chelbluns. »
En l’état nous ne partageons pas leur sentiment mais si un lecteur souhaite nous en apporter la démonstration rigoureuse, nous l’ajouterons bien volontiers à cet article.

lundimatin c'est tous les lundi matin, et si vous le voulez,
Vous avez aimé? Ces articles pourraient vous plaire :