Des nouvelles de Julian Assange

« Comment peut-il être juste d’extrader Assange vers le pays qui a comploté pour le tuer ? »

paru dans lundimatin#317, le 13 décembre 2021

Suite à la décision de la Haute Cour de justice britannique qui donnait vendredi dernier son feu vert à l’extradition d’Assange vers les États-Unis, voici un récapitulatif de la procédure depuis l’année dernière ainsi qu’un appel à ne pas abandonner le soutien envers le journaliste, qui risque 175 ans de prison aux États-Unis.

C’est avec beaucoup de colère et d’inquiétude, que nous avons appris vendredi 10 décembre 2021 la décision rendue par la Haute Cour de Justice Britannique dans le procès-persécution d’extradition d’Assange :

La justice britannique donne son feu vert à l’extradition d’Assange vers les États-Unis : l’appel que les États-Unis ont présenté devant la Haute Cour de Justice aux audiences d’octobre est accepté. La décision de première instance de ne pas extrader Assange est annulée [1].

Aux vues des « ré-assurances » diplomatiques de « bons soins » que les États-Unis ont apporté à la Haute Cour, le jugement de première instance selon lequel il serait abusif d’extrader Assange compte tenu de sa santé mentale et de son risque de suicide doit désormais être corrigé par la cour de première instance de Westminster, puis transféré à la secrétaire d’état, laquelle exécutera (ou pas, mais nous n’y croyons guère) la procédure d’extradition. La voie est donc grande ouverte vers l’extradition [2].

L’équipe de défense de Julian Assange menée par Baltasar Garzon a annoncé qu’un appel « sera interjeté devant la Cour suprême britannique pour contester cet ensemble d’assurances diplomatiques fallacieuses et non pertinentes offertes par les États-Unis » [3], demeure en prison, pour encore de longues, dangereuses semaines.

Il ne faut pas abandonner.

Nous devons continuer à maintenir vivants le combat pour la liberté d’informer et de publier et les chances d’Assange de ne pas en mourir. La visibilité médiatique et la mobilisation autour d’informations vérifiées et fiables sur cette affaire judiciaire majeure sont de haute importance.

LIBERTÉ POUR ASSANGE !

Rappels et explications

Janvier 2021 - un verdict de non-extradition en première instance

En janvier 2021, à l’issue du procès d’extradition en première instance la juge Baraister avait statué qu’il serait abusif d’extrader Assange aux États-Unis, sans toutefois accepter de le libérer. Écartant les arguments relatifs à la nature politique des poursuites contre Assange et aux menaces que de telles poursuites représentent pour la liberté d’informer, elle n’avait retenu pour sa décision que les arguments relatifs à la santé mentale d’Assange. La juge avait retenu notamment le risque élevé de suicide, que les conditions de détention probables aux États-Unis aggraveraient et que les États-Unis ne seraient pas en mesure de prévenir. Fragile espoir, ce verdict avait été vivement critiqué par de nombreuses organisations de défense des droits, journalistes et soutiens, comme une défaite pour la liberté d’informer et pas du tout une victoire.

Octobre 2021 - Les États-Unis font appel de la décision de non-extradition

Des mois encore d’incarcération plus tard, la vie d’Assange encore plus usée, les audiences de l’appel se sont tenues les 27 et 28 octobre. Assange, qui n’y était pas présent physiquement, a souffert d’un AVC durant ces audiences.

Parmi les motifs d’appel, les États-Unis ont remis en cause la fiabilité du témoignage d’un psychiatre de la défense, le professeur Kopelman, au prétexte que Kopelman n’était pas impartial, n’ayant pas révélé dans son rapport 9 mois plus tôt la nature des liens entre Julian Assange et Stella Morris et le fait qu’ils ont deux enfants, par souci de les protéger. Les États-Unis ont également présenté un pack de promesses diplomatiques visant à rassurer le Royaume-Uni sur leurs capacités à prendre soin de la vie de Julian Assange pendant qu’il serait entre leurs mains, avant et après condamnation éventuelle [4]

Décembre 2021 – L’appel des États-Unis est accepté

Les États-Unis ont assuré qu’ils ne soumettraient pas Assange à des mesures administratives spéciales (SAM) lors de sa détention, qu’il recevra des soins cliniques et psychologiques appropriés pendant son incarcération, et qu’il pourra même, s’il le consent, être transféré en Australie pour accomplir sa peine. Aux vues de ces « ré-assurances » diplomatiques de « bons soins » la Haute Cour de justice a accepté l’appel présenté par les États-Unis. Elle a en effet ignoré les critiques de ces assurances émises par la défense d’Assange, notamment que ces promesses sont conditionnelles et pourront facilement être annulées. Le verdict de première instance selon lequel il serait abusif d’extrader Assange compte tenu de sa santé mentale et de son risque de suicide est donc annulé. Il doit désormais être corrigé par la cour de première instance, puis transféré à la secrétaire d’état, laquelle exécutera ou pas (un refus étant très improbable) la procédure d’extradition.

Et maintenant ?

L’équipe légale de Julian Assange menée par Baltasar Garzon a annoncé qu’un appel « sera interjeté devant la Cour suprême britannique pour contester cet ensemble d’assurances diplomatiques fallacieuses et non pertinentes offertes par les États-Unis ». Mais la permission d’un appel en cour suprême peut être refusée...

« Comment peut-il être juste, comment peut-il être la bonne chose, comment peut-il être possible d’extrader Julian vers le pays même qui a comploté pour le tuer ? »
Stella Morris, fiancée de Julian Assange

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