Depuis les Écrits d’août

[Reportage photo]

paru dans lundimatin#301, le 23 août 2021

Fidèles au jeu de mot à l’origine de leur nom, les Ecrits d’Août, du 14 au 18 août à Eymoutiers (Haute Vienne) ont, pour leur troisième édition, continué de semer le doute sur la solidité du règne de la bêtise. Cette bêtise, qui n’est pas la faute des bêtes mais la meilleure alliée du capitalisme et de toutes les formes de domination, du colonialisme à la domination masculine.

Beaucoup nous ont félicité pour la pertinence des débats et la qualité des intervenants, on répondait que celle de l’écoute y était aussi pour quelque chose. S’intéresser un samedi soir à 21h aux échanges de deux émérites traductrices de l’italien à partir d’un texte des Wu Ming, ou aux héritages coloniaux un dimanche de 15 août à 10h du matin, à l’écoféminisme ou à la critique de la société industrielle, aux années 70 en général et à Cesare Battisti en particulier, cela semble difficile à croire dans une époque où les débats sont captés par les idioties sur l’islamo-gauchisme ou l’affrontement pro et antivax, mais c’est ainsi : des dizaines de personnes (entre 40 et 80) se sont retrouvées pendant cinq jours, sous les arcades de la mairie d’une commune de 2000 habitants pour ces « Echanges autour de l’Ecrit ». L’une des plus belles remarques qu’il nous aura été donné d’entendre, c’est celle d’une femme qui a dit : « Ça faisait longtemps que je n’avais pas eu l’occasion d’échanger autant comme ça, tranquillement ». Ce moment miraculeux qui (joli paradoxe) permet de moins douter des capacités de l’humanité à échapper au dernier moment à la Catastrophe (que le dernier jour décrivit fort bien), nous le devons aussi aux bénévoles accouru-e-s (notamment grâce à l’appel publié par Lundi Matin) de Paris, Besançon, Toulon, Marseille et autres lieux. Nous les en remercions vivement (et recommandons à celle qui a enregistré les débats de se manifester !). Ci-dessous, pour donner une idée de ces instants d’intelligence collective, un album-photo de Jean Leplant.

Il y eut d’abord le vernissage itinérant et en musique de l’expo d’Arno Bertina (beauté de jeunes Congolaises confrontées aux horreurs du trottoir), de celles de Bernard Plossu (intensité poétique d’une Italie sans glamour) et de celle de Mathieu Colloghan (puissance subversive de fresques murales à emporter).
Il y avait eu, avant, l’apposition sur les murs d’étranges affiches…
…par de louches individus.
Bien sûr, on eut le discours des Autorités (la municipalité dispensant ses bienfaits)…
…sous le regard sans concession de Colloghan.
le buffet italien offert par la Dante Allighieri et les Ecrits…
…avant que les traductrices luttent ensemble contre l’obscurité de la langue des Wu Ming.
lecture musicale de la Divine Comédie par sa traductrice Danièle Robert
…avec Jaap Mulder and sons au son.
Le 15, René Knegevitch, Dominique Manotti et Olivier Lecour-Grandmaison échangèrent sur les héritages coloniaux…
…tout comme, sur un plan plus brûlant d’actualité, Fatima Ouassak et Sandrine-Malika Charlemagne.
Un autre jour, Yves Pagès nous régala d’une inénarrable performance parodiant un cours en distanciel sur les métamorphoses du travail et de son refus. Signalons, quoique sans image, qu’il y eut d’autres occasions de rire malin, notamment avec la rencontre de Jacky Schwarzmann.
Un moment lumineux avec Ludivine Bantigny et son recueil de lettres aux communardes et communards.
Plus tard, de sympathiques ancien-ne-s combattant-e-s évoquèrent leurs souvenirs des années 70.
On parla de deux femmes révolutionnaires et féministes, féministes parce que révolutionnaires : Emma Goldmann…
…et Sylvia Pankhurst.
Sur cet écran la suite sera sans parole : on voit suffisamment qu’elle a circulé.

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