Cher Père Noël

Un seul et même cadeau pour tous : des lunettes de squash.

paru dans lundimatin#86, le 19 décembre 2016

Cher Père Noël

Cette année j’ai décidé de t’adresser une lettre pour un cadeau commun à tous.

Tous ceux que notre monde nauséeux irrite, tous les jeunes en colère, leurs amis en détresse, leurs parents révoltés et leurs proches. Tous ceux qui pensent que c’est dans et par la rue que le changement adviendra, ceux qui vivent l’insoumission en se regroupant - en bas de leurs immeubles ou dans des manifestations sportives, festives ou politiques - et qui sont reconnus par la justice co-responsables des violences qu’ils subissent par les force de l’ordre.

Un seul et même cadeau pour chacun d’eux : des lunettes de squash.

Ni incitation au sport, ni incantation à consommer, ce cadeau est aujourd’hui - selon un chirurgien en traumatologie - le seul capable de les protéger et d’éviter la perte d’un oeil ou une fracture du globe oculaire. Parce que la vitesse d’une balle de squash est proche d’un tir de flash-ball, cet équipement peut assurément être une protection efficace et nécessaire.

Nécessaire parce que se protéger contre les violences policières n’a jamais constitué un appel au débordement pas plus que l’utilisation des armes par les forces de l’ordre ne s’est jamais réduite au fait qu’ils soient en situation de légitime défense ou de danger. Rien ne justifiait les derniers tirs de grenades ou de flash-ball qui ont récemment mutilé, rien ne peut justifier que l’on décède subitement dans un fourgon de police ou en garde à vue.

Rien si ce n’est un désir inconscient de nos dirigeants à vouloir nous faire détester chaque jour un peu plus la police ou une volonté délibérée de faire croître exponentiellement les ennemis intérieurs.

J’abuserais surement en te demandant Père Noël des bonnets, capuches ou cache-oreilles pour éviter les condamnations sur des bases d’expertises anthropométriques vieilles de 200 ans, des gants et autres protections diverses pour atténuer les risques de fractures, contusions, plaies liées aux coups de poings, pieds et tonnas qui voltigent désormais à chaque rassemblement. Mais tu comprendras qu’il s’agit avant tout de se protéger et de se rendre invisible en ces temps ou par ailleurs affirmer notre existence n’a jamais été si déterminant.

Je compte évidemment sur toi mais si tu venais à te rallier aux cotés de ceux qui tendent à nous garder à genoux, je m’occuperai d’équiper les miens. C’est pour le coup le une question de responsabilité. Les statistiques parlent d’elles-même nous avons plus de chances quotidiennement de rencontrer des policiers violents que de quelconques « terroristes » ou autres criminels.

Bon courage à toi, ces protections sont aujourd’hui incontournables.

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