Ce que le désir fait à la politique : discussion

Ce que le désir fait à la politique : discussion libre avec des membres de la mouvance queer Montréalaise.

paru dans lundimatin#21, le 4 mai 2015

Ce que le désir fait à la politique : discussion libre avec des membres de la mouvance queer Montréalaise.

La discussion que nous vous présentons ici a eu lieu le 14 août 2012. A ce moment là à Montréal, les manifestations spontanées initiées par le mouvement étudiant contre la hausse des frais scolaires se poursuivent, elles continuent même de rencontrer un soutien populaire important, malgré la menace de retour à la normale induite par la tenue des élections provinciales au début du mois de septembre. Aller à la rencontre de membres de différents collectifs appartenant à la mouvance queer montréalaise, cela signifiait pour nous parier sur l’intelligence élaborée collectivement sur ces questions de sexualités et de politique, dans cette temporalité particulière. Les questions que nous leur avons adressées portaient donc sur les circulations, les inventions, les formes spécifiques d’expressions des sexualités et des désirs qui les animaient eux et elles mais aussi celles qui débordaient les seuls collectifs queer pour se manifester ailleurs, dans les facs ou les Cégeps (lycées), dans la rue au son des casseroles, dans les assemblées de quartier ensuite. La discussion qui suit essaie ainsi de tracer des lignes d’alliances autant que de partage et ce faisant d’esquisser un possible commun à partir des désirs les plus hétérogènes. A l’heure où les rues et les facs montréalaises se réveillent, il nous a paru bon de jeter ce coup d’oeil en arrière.

Collectifs

Miguel : Je faisais parti de PolitiQ - Queers Solidaires [1], j’ai aussi fait parti des Panthères Roses [2] en 2005, je participe pas mal à la CLASSE [3], à l’ASSÉ et au mouvement étudiant. Mais là mon projet en ce moment c’est plus particulièrement le Plan Q [4], qui est un projet que je mène avec d’autres pour faire de l’éducation sur les sexualités homo.sexuelles et aussi on essaye d’ouvrir des collectifs queer ou féministes dans les Cégeps et les universités, et c’est en train de fonctionner parce que j’ai appris avant hier qu’il y avait un collectif qui s’était créé à Rimouski ! Donc ça c’est pas mal ce que l’on a fait au cours des derniers mois, en tout cas moi, pour ma part. J’ai réuni les gens qui sont ici aujourd’hui qui font parti de différents collectifs que je trouvais inspirants.

Andréann : Le dernier collectif dont j’ai fait parti s’appelait « Hors d’Oeuvre », que j’ai quitté il y a trois ans, à la suite de quoi j’ai engagé une réflexion sur le féminisme notamment du fait des dynamiques et relations de groupes qu’il y avait à l’intérieur de ce collectif là, que j’ai voulu comprendre et critiquer. A partir de ce moment là, je me suis plutôt enlignée sur une pratique artistique, parce que moi ce qui m’intéresse c’est le théâtre, la musique, la création sonore et la création de lumières et puis quand je m’implique politiquement, j’essaie aussi toujours de voir comment je peux allier ces deux choses là, le culturel, l’artistique et le politique. D’où ma réflexion sur le désir. Je ne me suis pas tellement impliquée directement dans la grève parce qu’à ce moment là, je n’étais plus étudiante. Mais je suis une alliée systématique. Depuis quelque temps il y a des assemblées de quartier qui ont lieu, moi j’habite à Hochelaga-Maisonneuve, et je participe donc à cette assemblée là [5]. Ha oui, j’ai aussi été employée dans la Fédération des Femmes ici au Québec, donc j’ai fait un petit saut dans le féminisme institutionnel, ça peut être intéressant d’en parler aussi.

Marie-Élaine : Je suis impliquée dans le P !nk Bloc [6] qui est un groupe queer et féministe au sein de la grève donc on manifeste habillées en rose avec des pompons, on modifie les slogans entendus communément dans les manifs pour les rendre plus sex ! Et c’est pas juste ça. Ça c’est juste ce qu’on voit à la surface parce qu’on prend aussi position contre les slogans pro-viol qui peuvent être scandés dans les manifs, notamment contre le premier ministre. Sinon, je fais aussi parti de Pervers/Cité [7] qui est une sorte de Pride alternative à Montréal, c’est un festival qui dure environ une semaine et demie. Dans le cadre de ce festival il y a une marche que je contribue à organiser qui s’appelle « (RE)VIVRE dans la nuit », c’est déjà une deuxième édition, la première édition a eu lieu en mars lors de la journée internationale des femmes, mais avec une lunette plus queer, qui nous représentait davantage et qui essayait de sortir des lieux communs quand on parle de féminisme et de rejoindre un public plus large. En gros, la marche dénonce les formes de violences dans la rue, qu’elles soient institutionnelles ou qu’elles soient dues à des gens qui, disons, jouissent de différents privilèges. J’ai aussi fait du bénévolat pour l’Alliance Féministe Solidaire [8] pour les droits des travailleurs et travailleuses du sexe... Et là je pense que j’ai fait le tour de mes engagements.

Bruno : Moi je suis impliqué avec PolitiQ - Queers Solidaires. on a pas mal travaillé sur les questions liées au VIH, sur les questions liées aux droits des personnes trans, un peu sur le travail du sexe. Tranquillement, on est en train de s’organiser contre le nettoyage social qui est mis en place dans le village gay à Montréal. Je suis aussi impliqué dans l’organisation du festival Radical Queer Semaine [9], qui est un peu la version hivernale de Pervers/Cité, donc c’est une semaine d’ateliers, party, actions directes, prises de positions dans les manifs. Je fais aussi parti du P !nk Bloc et du Plan Q, mais les autres en ont déjà parlé donc ce n’est pas la peine que j’en reparle. Je suis impliqué dans le mouvement LGBT mainstream, c’est important aussi de le dire, parce que j’ai ces deux facettes.

Julie : Moi, ce que je propose c’est qu’une personne commence, élabore, et les autres rebondissent en faisant des rapports avec leur pratique, de cette manière on fonctionne sans questions.
On pourrait par exemple commencer par le P !nk Bloc, parce que c’est bien raccord avec le mouvement en ce moment, parce que ça traverse vos pratiques, et je pense qu’à partir de ce nœud là, on pourra voir où cela nous mène.

P !nk Bloc

Bruno : Avant le P !nk Bloc de cette grève-ci, on pourrait remonter plus loin en arrière, notamment à l’époque des Panthères Roses, mais là je pense au contre-sommet qu’il y a eu à Toronto il y a deux ans, auquel on a participé avec PolitiQ en faisant un « pink bloc anti-capitaliste ». C’est suite à ces souvenirs là, à comment cela c’était bien passé qu’on a pensé faire aussi un P !nk Bloc pendant la grève, pour qu’il y ait aussi une visibilité queer dans les manifs. On a commencé un peu à s’organiser avant que la grève commence, à s’auto-former sur la situation économique en faisant venir des gens pour nous en parler, on faisait aussi déjà des capes et des pompons,dans une vision inclusive, afin d’avoir du matériel pour se visibiliser et d’en distribuer pendant les manifs aux personnes qui voudraient nous rejoindre. L’idée c’était aussi depuis le début de se dire queer ET féministe, en ne prenant pas pour acquis que le queer intégrait le féminisme. Ce qui a amené d’ailleurs à des prises de position pendant la grève notamment sur les slogans homophobes et pro-viol, et qui a amené à faire des évènements tel qu’un kiss-in sur la question du consentement et la manif « Genre de grève », qui est une manif en drag’ qui a eu lieu mi-juin.

Marie-Élaine : Au delà de ça, le P !nk Bloc, dans son orientation actuelle, c’est plus qu’une tactique. Ce que je veux dire c’est qu’il y a bien un rapport avec le Black Bloc, en ce que n’importe qui peut rejoindre notre contingent en s’habillant en rose. Mais c’est aussi, se créer un espace sécuritaire dans une manif. On est entre nous, ça nous donne la force de crier des slogans plus « in your face ». Mais en dehors des manifs, on est un collectif mouvant, un collectif qui ne fait pas seulement qu’intervenir là : on organise nos propres évènements ou on a des réunions plus sporadiques où on discute de malaises, des questions qu’on veut soulever, des prises de positions qu’on veut sortir, des autres groupes avec qui on veut réseauter... Ce sont aussi des questions que l’on s’est posé, rejoindre d’avantage les personnes racisées, les personnes trans, s’assurer que notre discours soit le plus inclusif possible.

Julie : moi je voudrais bien que tu nous dises le pourquoi du P !nk Bloc, je veux dire, qu’est ce qui fait que c’est important pour toi ?

M-É : La raison pour laquelle je suis dans le P !nk Bloc, c’est déjà que c’est plus fun que d’être dans une manif straight, c’est plus agréable, on est en gang, on est en couleur, on se fait voir ! Il y a une chose qu’on s’est souvent dit, c’est qu’on ne ferait jamais ça tout seul, crier des trucs aussi salaces. C’est la force du nombre qui fait qu’on est capable de le faire.

Bruno : Je pense en effet que ce côté entraînant nous fait réfléchir aux possibilités du P !nk Bloc dans une manifestation, par exemple, quand on pitche des glitters ( NDT : lancer des paillettes) ou quand certaines personnes se sont fouettées sur un char de police sans risquer que les membres du P !nk Bloc se fassent arrêter. Après c’est vrai que c’est pas toujours tentant d’aller dans les manifs, parce que la pression est super forte, ça permettait de retrouver de l’engouement, de détendre aussi l’atmosphère dans les manifs et de donner quelque chose à faire pour faire passer la colère.. Donc c’est ça que le P !nk Bloc veut ramener, par une atmosphère festive, par les costumes, par les tactiques utilisées.

Miguel : Moi ce que j’ai trouvé intéressant depuis l’intérieur du mouvement étudiant, quand je regardais le P !nk Bloc, parce que je n’ai jamais été capable d’y participer, ça a été de voir que le P !nk Bloc n’a jamais baissé les bras, à jamais pris le pli de dire : « ok, maintenant il faut se coucher, on a trop peur ». Il est arrivé plein de moments dans le mouvement, avec la loi spéciale, ou les flics étaient beaucoup plus présents, ou la tension était vraiment forte, le P !nk Bloc à ce moment là continuait à se masquer, continuait à aller devant les lignes de flics, continuait à amener les gens vers, tout en maintenant le lien avec les autres manifestants. Le Black Bloc, je suis pas contre le Black Bloc et je pense que c’est bien qu’ils existent mais il y a eu des moments ou faire parti du Black Bloc, c’était se mettre tout le monde à dos, donc il y avait des tensions super fortes là où le P !nk Bloc réussissait à faire le truc : « on peut être masqué, on peut continuer à être fâchés tout en réussissant à rester ensemble », ça réussissait à faire ça.

Bruno : Toutes ces réflexions ça nous amène à nous demander si l’on est vraiment pris au sérieux ou si on est pris pour des clowns.

Marie-Élaine : On joue vraiment sur l’image, le stéréotype d’exubérance associée à la communauté gay et on se le réapproprie pour y accoler un message politique et puis aussi pour faire éclater la binarité des genres. Il n’y a pas que des gars dans le P !nk Bloc, il y a aussi des filles, des personnes avec une identité de genre plus fluide, ce n’est pas juste des personnes homosexuelles, c’est aussi des personnes bisexuelles, pansexuelles, aussi des hétéros qui sont là davantage comme alliées. Et c’est sûr que des fois, on peut ne pas apparaître comme sérieux, mais là, on ne peut pas contrôler la manière dont notre message est perçu par tout le monde.

Julie : Je nous relancerais sur une chose que l’on s’est dite la dernière fois, puisque là on reprend la piste de « ne pas être pris au sérieux », la dernière fois on avait parlé de cette même chose mais d’une autre façon, qui était : en jouant sur les frontières de ce qui est farfelu, ça permettait de repousser les limites de ce qui était possible de faire vraiment sans être arrêté, invalidé tout de suite. Le P !nk Bloc, pendant les moments de répression vraiment durs, il rendait possible de se mettre devant la ligne de flics, la repousser même, ce que personne d’autres ne pouvait faire, grâce aux slogans absurdes et aux glitters ( NDT : paillettes), justement, il y a une hésitation, ça ne peut pas être perçu comme offensif, et le fait d’avoir l’air inoffensif, c’est pas tant que tu n’es pas pris au sérieux, ce que ça permet d’avoir l’air inoffensif, c’est d’être là.

Marie-Élaine : Et puis l’image de taper sur une tapette, ça passe mal dans les médias aussi ! La police en est consciente, et on en est conscientes.

Bruno : oui et puis dans le contexte de la loi sur les masques qu’ils ont passé à Montréal, il se justifiaient en disant, cette loi n’est pas faite pour nuire aux festivals, aux carnavals. Le défilé gay était sans arrêt cité pour dire « on ne veut pas empêcher les costumes lors du défilé gay, on veut juste empêcher les débordements dans les manifs », donc nous nos actions nous permettaient de faire ce rapprochement là, de faire cette alliance là, de dire « et bien on est gay et on est dans les manifs ! ». Et en effet, on ne s’est pas fait arrêter par rapport au fait de porter des masques [10].

Marie-Élaine : En même temps on est rarement cagoulés dans les manifs étudiantes. La plupart du temps, on est à visage découvert, simplement avec des capes et des pompons, il y a même nos noms sur le site internet du P !nk Bloc, peut-être d’ailleurs qu’à ce propos là on est un peu naïfs.

Miguel : Le P !nk Bloc est le seul groupe, en fait, t’as des grandes manifs, tu as la forme officielle de la manif avec la banderole devant, tu as des groupes à l’intérieur de la manif, et là dedans, le PB est sûrement le second groupe le plus important au niveau de la visibilité, c’est un groupe où les gens crient forts, où les groupes ont inventé des slogans, ont inventé quelque chose de nouveau. Et c’est un des seuls groupes où les gens attendent qu’ils soient là, pour entendre les nouveaux slogans, et voir comment ça va se passer...

Julie : On pourrait dire quelques slogans pour se donner une idée

Bruno : « Charest, ta gueule, on peut se crosser tout seul ! » qui a été repris par l’ensemble du mouvement. (crosser = se branler / se faire avoir).

Marie-Élaine : Il y a « t’es beau, t’es chaud, me semble ton casque est de trop ! »

Julie : Ça c’est pour les confrontations directes avec les policiers...

Bruno : Oui et que les gens ont transformé en « T’es beau, t’es chaud, on veut voir plus de peau » !

Marie-Élaine : Il y en a un autre, il est un peu plate (ennuyant) mais on le dit souvent, à la place de « Un peuple uni jamais ne sera vaincu », on dit « Un bon cuni jamais ne sera vaincu ».

Bruno : « Du sexe anal pour le changement social »

Miguel : « On veut fourrer, on veut pas s’endetter »

Marie-Élaine : oui ou alors « Je veux garder mon argent pour acheter du lubrifiant », « On veut des jouets, on veut des fouets, on ne veut rien savoir des prêts », ou au lieu de « dans la rue avec nous », dire « dans le lit avec nous ». A l’époque où Line Beauchamp était ministre, on disait « Trans, pédés, gouines contre Line la pas fine », « Queer et féministes en criss ». Sur le blog du P !B, il y a d’ailleurs une belle liste de nos slogans en format PDF [11].

Miguel : Mais pour revenir sur celui qui dit « on peut se crosser tout seul », parce que celui là il a été repris par la masse, c’est vraiment le slogan qui a été repris par le mouvement, mais il jouait vraiment, c’était une sorte de réponse aux slogans qui parlaient « d’enculer » ou de « se faire enculer » ou je ne sais pas quoi... Tandis que là ce qu’on leur répond c’est « on est capable de se branler tout seul », et ce n’est pas du tout la même signification. Et ce qui est bien c’est que ça a quand même donné une réponse, parce que les gens quand on fait cette critique sur ces slogans qui mettent en cause le sexe anal, ils figent et alors ils vont gros sur la défensive, parce que souvent c’est quelque chose avec lequel ils sont d’accord mais à quoi ils ne peuvent pas réagir. Avec ce slogan, on a réussi à trouver une résolution à ça.

Andréann : On peut faire des blagues sur le sexe sans que cela soit dégradant ou dégueulasse.

Julie : donc ça a une incidence double, c’est qu’en plus d’être présent dans la manif, ça a aussi une incidence de lutte contre l’homophobie et pour la diversité des genres, donc ça infiltre dans deux directions.

Andréan : Moi je voudrais poser une question, par rapport à l’élargissement de cette question du P !nk Bloc. Parce que le PB a une présence dans les manifs et puis il y a toutes les réflexions qui sont menées entre ces manifs et entre les différents collectifs mais ma question ce serait de se demander comment dans des instances comme les assemblées générales, les congrès et autres, comment les féministes, les queers, prennent appui ou essaient d’influencer, portent une critique …Comment ces questions là avancent en dehors des manif’ et des collectifs ?

Marie-Élaine : Moi si je suis arrivée au P !B, c’est que le printemps dernier, je me suis retrouvée sans emploi et j’avais beaucoup de temps libres. Beaucoup de mes amis étaient impliqués dans le P !B, donc je me suis beaucoup investie, en terme de temps et d’implication., Par contre, je n’ai pas l’expérience des assemblées générales derrière la cravate... J’aurais du mal à dire quelque chose là-dessus.

Bruno : Ce qui est important, c’est que le P !B s’est aussi positionné en soutien aux groupes de femmes qui avaient de la misère à faire passer leurs arguments dans les assemblées générales machistes. En fait cela créait une autre voix qui venait soutenir les revendications féministes au sein du mouvement, par l’intermédiaire des slogans anti-viol, je sais que dans un des congrès de la CLASSE, une motion a été adoptée à ce propos, il y a des membres du P !B qui ont réussi à obtenir qu’une partie des subventions reçues par la CLASSE soit allouée à des actions féministes. Dans les AG, on essayait d’amener cela dans des interventions, dans les congrès c’était plus difficile, parce que nous n’étions pas des exécutants des associations étudiantes, mais par les assos, certains et certaines ont essayé de faire passer des prises de position là dessus qui étaient en appui au comité femmes lorsque ce dernier a quitté l’ASSE [12], le P !B était là aussi en appui.

Julie : J’ai été amenée à animer un atelier avec le P !B sur les techniques de communication et prises de décisions consensuelle. Le souci qui était exprimé, c’était de pouvoir avoir une incidence sur la manière dont se prenne les décisions à l’intérieur des AG qui étaient perçues comme relevant seulement d’un ordre argumentaire (Andréann : parlementaire même), c’est la guerre ! Et il y avait ce souci du P !B de pouvoir avoir une incidence sur ces espaces là, la question c’était : mais comment est ce qu’on fait pour que les décisions que l’on prenne soient le résultat de ce à quoi l’on consent ensemble sur ce que l’on fait plutôt que de se varger dessus (NDT : se tapper dessus avec beaucoup de force, à la limite de l’hystérie [sic]) jusqu’à ce que celui qui soit le moins ensanglanté gagne son point !

Mouvement populaire (ou « la grève »)

Rémi : Oui ce que je trouve vraiment frappant dans tout ce que vous dites, c’est la correspondance qu’il y a entre les formes nouvelles de politiques que vous pratiquez, par le P !nk Bloc notamment, par cette alliance détonante féminismes-queer, et celles qui ont été mis à l’oeuvre de manière aussi très largement expérimentales dans les nouveaux mouvements Occupy, 15M et le mouvement qui a lieu en ce moment au Québec. On retrouve beaucoup de choses en commun : il s’agit d’inventer de nouvelles formes, de les expérimenter, de composer avec une hétérogénéité très grande de sensibilités, de défaire aussi et en même temps les assignations auxquelles tous les mouvements politiques naissants sont aujourd’hui soumis : « Mais qui êtes vous ? Qui représentez vous ? ». C’est comme si à mesure que les collectifs féministes-queer dégenraient le mouvement québécois, ce dernier se trouvait lui aussi de plus en plus inclassable, inqualifiable...

Miguel : Il y a quelque chose que je trouve intéressant dans la composition ici. Quand on dit « on est des alliés ». Quand on ne fait pas parti des associations étudiantes, les gens peuvent se sentir interpellés par le mouvement qui était en train de se dérouler, et ne pas nécessairement savoir comment s’y rattacher. Cette idée que l’on puisse quand même venir en appui, et c’est l’idée des assemblées de quartier qui ont lieu depuis quelques temps à Montréal, ce n’est pas simplement la définition institutionnelle qui fait le mouvement, la fonction sociale, comme un étudiant, rattaché à tel syndicat, telle structure, qui va être formé pour intervenir en assemblées générales, mais plutôt c’est d’ouvrir des espaces où on se demande ce que l’on fait dans la vie, qu’est ce qu’on aime et sur quelles bases affinitaires on va pouvoir se rassembler et faire des choses ensemble. Etant donné que nous on fait un lien entre la marchandisation des pratiques et des identités sexuelles et la marchandisation de l’éducation, ça nous semble sortir d’une pratique politique déjà balisé. Dans le PB, il n’y a pas que des étudiants et des étudiantes, même si le PB fait parti du mouvement étudiant.

Marie-Élaine : De toute façon, le mouvement étudiant, rendu où il est maintenant, il dépasse largement les étudiants et les étudiantes, il y a des grands mères dans les rues... Et ça c’est d’autant plus vrai que la loi 12 (projet de loi 78) [13] est passée, loi qui vient restreindre les droits de manifester et de se rassembler, pas simplement pour les étudiants mais pour l’ensemble de la population. Il y a eu pendant toute une partie de l’été des manifestations très familiales, pendant lesquelles tout le monde tapait sur les casseroles tous les soirs ! Et puis c’était dans les quartiers, donc tous les gens qui n’étaient pas confortables, qui n’avaient pas le temps d’aller jusqu’en centre ville, ils pouvaient sortir devant chez eux pour crier leur mécontentement. Il y a aussi un sous-groupe au sein des manifs qui doit s’appeler « mères en colère et solidaires », il y a les « profs contre la hausse », ça dépasse les frontières des étudiants. Je pense que tous ceux et celles qui sont opposés à la hausse se sentent interpellés par le soulèvement populaire et y participent de diverses façons. Il y a longtemps qu’il n’y a plus que des jeunes dans la rue. C’est vrai que le P !B a peut-être été un des premiers groupes à s’organiser avec des gens qui n’étaient pas forcément étudiants ou étudiantes, mais je pense qu’il y en a beaucoup d’autres maintenant.

Andréann : En même temps, je regarde encore, mettons comment... La CLASSE a sorti un manifeste récemment, que je ne l’ai pas lu au complet, mais j’ai vu que dans ce manifeste là qu’ils ont essayé de faire vraiment le lien avec d’autres types de lutte. Il y a eu tout un débat sur la question du Plan Nord , dès le début de la grève, parce que la question s’est posée : « on est contre le Plan Nord ? », contre l’exploitation de ces ressources là, de cette manière là, elle se posait déjà. Donc au début de la grève, ça a été simplement mis en débat, mais dans ce manifeste, la CLASSE prend position contre le Plan Nord [14]. Enfin, pas tout à fait contre le Plan Nord lui-même mais contre l’exploitation rapide des ressources, la vente à rabais et le fait que les communautés ne sont pas consulté. C’est une vision du « bien commun » qui est mise de l’avant, position avec laquelle les gros syndicats n’auraient pas trop de mal à vivre. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a une volonté, j’ai l’impression, de faire des liens entre différentes luttes sauf que comment interpréter que depuis une semaine la CLASSE appelle à une trêve de la grève pendant les élections ? Ce dont j’ai l’impression, avec ces grosses structures, les grosses associations étudiantes, c’est que si elles prennent des positions en faveur d’autres luttes, c’est dans leur intérêt à elles. Ça me semble être : on a besoin de ces alliés là, donc on va prendre une position en lien avec ça. Et on va le faire juste au moment où l’on sent que ça va bien passer, le manifeste il est pas arrivé dès le début, alors on sait bien que ces choses là prennent du temps, mais c’est au moment où d’autres ont commencé à parler de grève sociale dans d’autres milieux comme dans les groupes communautaires particulièrement, c’est vraiment un moment confortable de prendre cette position là, alors qu’au début de la grève c’était plus risqué et elles n’étaient pas prises ces positions là. Il y a cette guerre médiatique que les associations jouent et je trouve que quand on parle des luttes « à côté », des luttes en parallèles, des luttes féministes et queer, on va s’allier mais c’est dans cette même visée là. Et je le vois aussi avec les assemblées de quartier, les associations s’allient à elles mais c’est dans la mesure où elles les soutiennent aussi. Il y a un retour permanent à la condition étudiante que je trouve vraiment chiante et je suis vraiment contente qu’il y ait des groupes comme le P !nk Bloc pour ramener des positions et un point de vue critique et surtout qui propose de s’organiser tout autrement, parce que sinon ce serait toujours un retour vers leur fonction sociale.

Rémi : ce que j’entends de ce que vous dites du mouvement c’est qu’il y a deux pôles, deux lignes qui sont en déséquilibre, qui s’affrontent même, des groupes qui débordent sans arrêt et de tous les côtés, et des grosses machines qui courent après mais qui parviennent quand même à capturer...

Miguel : Pour rebondir sur ce que disait Andréann : sur le « il vont nous rattraper une fois que c’est rendu confortable ». On va dire qu’il y a le mouvement socialiste au centre, le mouvement des grandes manifestations organisées tous les 22 du mois, et ces manifestations là, elles ont toujours lieu au nom de « la population québécoise », au nom du « progrès », « on va faire le bien, et on laisse le mal derrière... ». Et puis il y a toutes les lignes, tous les groupes... Là, en ce moment la question c’est : la poursuite de la grève ou la trêve, et se faire rattraper par les élections ? Il puis il y a quelques temps c’était sur le port du masque en manifestation ? Et puis par un autre bout c’était la Loi Spéciale, et puis les féministes, pendant le spectacle d’humour ( le 18 juin 2012, le Festival Juste pour Rire offrait les revenus d’un de ses spectacles à la CLASSE ). Le spectacle a été dénoncé par le Comité Femmes de la Grève Générale Illimité au nom des blagues sexistes et des contenus homophobes contenus dans les sketchs. L’argent du spectacle n’a pas été remis à la CLASSE, mais ça a permis de parler de féminisme sans arrêt pendant au moins une semaine... Et il y a toujours des groupes pour prendre le risque d’aller quand même dans la rue, de dire que l’on est pas d’accord et que l’on va quand même porter des masques, de dire « on veut pas d’argent, si cet argent il est fait avec des blagues sexistes », ou « je veux continuer la grève, pas faire la trêve ! ». Mais à chaque fois c’est une violence qu’on prend sur nous parce qu’on se met devant on dit qu’on est pas d’accord, et puis un mois après c’est normal, c’est comme ça pour tout le monde, une fois que t’as eu toute la pression sociale. Ce n’est pas juste deux lignes qui se jouent, c’est plein de lignes, à différents moments, et qui portent sur différents sujets...

Julie : Mais on le perçoit comme une récupération, on pourrait peut-être se dire aussi qu’on a réussi à persuader les gens !

Miguel : La stratégie du P !B elle est intéressante parce qu’elle allie le plaisir à ça aussi, avec plutôt que contre la ligne féministe...

Bruno : Sur le débordement, constamment le P !B va être questionné sur sa légitimité, comme les féministes d’ailleurs, on va nous dire que l’on divise le mouvement. Mais le P !B, il amène cette préoccupation qui va au delà de l’appartenance au statut d’étudiant, de la hausse des frais scolaires, ou de la trêve, et ce que ça permet, c’est qu’on puisse parler dans le mouvement d’autres choses que de ces choses-là.

Julie : Parce qu’on pourrait dire aussi que le mouvement a permis de construire ça, quand en début de grève on sortait sur la hausse des frais de scolarité, donc déjà d’abord au début, personne ne pensait que ça allait prendre cette ampleur là et que ça allait ramasser autant de monde, au début personne ne s’attendait à ça. Ce que je veux dire c’est que les débats au départ, ils posaient déjà la question des liens avec les autres luttes, c’était présent assez tôt. Ce qui s’est développé, c’est de rendre possible, de lier les perceptions et d’en parler plus largement. Moi je pense que ça a mis du temps à se construire mais en même temps on a vu que l’on peut !

Le plan Q

Bruno : Sur les congrès de la CLASSE, on est allé faire des présentations plus formelles par l’intermédiaire du Plan Q, même s’ils ne nous ont pas laissés parler ! Mais on était quand même présents, les gens lisaient notre matériel pendant le congrès parce qu’ils s’emmerdaient ! L’action aussi de donner des ateliers dans des Cégeps, féministes-101, queer-101, permettait de montrer qu’il y avait du matériel qui était créé et qu’il y avait des choses qui se faisaient. Je pense aussi que ça a permis une meilleure réception du PB, parce que d’autres gens en parlaient dans un autre contexte.

Bruno : Le Plan Q [15], en bref, c’est une tournée des Cégeps, pour mener la lutte contre le sexisme et les LGBT-phobies, dans une perspective queer et féministe. On voulait faire ça sur nos bases à nous, alors on a aussi discuté avec la gallerie d’art féministe La Centrale Powerhouse [16] et avec les groupes LGBT communautaires auxquels on participait, notamment la Coalition Montréalaise de Lutte contre l’Homophobie [17]. Parler des sexualités dans le monde étudiant, aussi des rapports de pouvoirs qui avaient cours dans le mouvement, par rapport à qui a le pouvoir dans les relations intimes... On a fait un fanzine et un DVD, pour laisser du matériel aux gens, en plus des ateliers. Mais Miguel, tu pourrais en dire plus ?

Miguel : Oui, pour resituer, moi à ce moment là, j’étais membre de PolitiQ, qui est un groupe queer radical de Montréal, et à ce moment là, ça n’allait pas très bien parce que l’on se rendait compte qu’on s’était retrouvé à n’être que masculins, ou dans le pôle masculin de l’identification sexuelle, on se disait féministes mais même les personnes nées biologiquement femmes s’identifiaient comme des gars donc en fait c’était devenu problématique, bref. On avait même presque tous la même longueur de barbe... A ce moment là, il y avait la grève qui s’en venait et pour moi, c’était super important de sortir de notre collectif, de notre petit groupe, de nos histoires de cul et de nos histoires personnelles, qui étaient quand même intéressantes là mais qui atteignaient leurs limites disons. Et d’aller dans le mouvement étudiant pour diffuser notre message, pour être capables de faire résonner quelque chose et puis de voir si ce qu’on faisait intéressait les gens en fait ! Au départ, le Plan Q, c’était de mettre à disposition des réflexions de fond que nous on considérait comme de base, nos points communs et nos points d’ancrages et de voir si les gens allaient trouver ça intéressant. Dès le départ, on a eu des problèmes avec l’exécutif de l’ASSE qui trouvait que nos textes allaient trop loin, qu’ils ne pouvaient pas être lus... C’était notamment sur la question du travail du sexe, notre article sur le travail du sexe ça ne passait pas. Dès que c’était un peu trop sexuellement explicite, ça ne passait pas. D’un certain côté c’est normal, c’est ce à quoi on peut s’attendre d’une structure syndicale un peu figée. A ce moment là, il n’y avait pas encore le P !nk Bloc, il n’y avait pas encore d’existence queer dans la grève, on arrivait avec des textes qui n’avaient pas de sens, comme s’il n’y avait pas d’étudiants qui font du travail du sexe pour payer leurs études ! On a commencé par produire du matériel, matériel qu’on a d’abord diffusé dans nos réseaux à nous : mais si tu veux j’appelais dans les associations étudiantes et je disais : « bonjour, je fais une tournée d’éducation queer et féministe, est-ce que ça vous tente de nous recevoir ? », les gens répondaient : « quoi, ben non, en fait, je comprends pas ce que vous me... Quoi ? ». Donc t’es obligé de commencer par la base : « Est ce que vous avez un comité féminisme, un comité queer ? » « non, non », « est-ce que vous vous êtes posé des questions sur l’intérêt de réfléchir à ça ? », « ben, non, il n’y a pas d’homosexuels dans notre ville », « ha, très bien », et puis etc. Au début c’était difficile, mais on a réussi avec un, puis deux, et trois, et on a commencé à se parler, et maintenant, quand j’appelle, les gens sont au courant et ils disent qu’ils se demandaient quand est-ce qu’on allait les appeler. Je veux dire, ce n’est pas la gloire, mais c’est quand même devenu plus facile à l’intérieur des associations étudiantes de la CLASSE.

Bruno : oui au départ, l’exécutif de l’ASSE s’intéressait peu à ce qu’on faisait, mais c’est pas mal grâce au comité femmes de l’ASSE que le Plan Q a pu continuer, notamment parce qu’elles ont permis que le zine soit réimprimé. On a ramassé des textes à gauche et à droite, on voulait bien sûr parler de privilèges et de rapports de domination mais aussi ouvrir un peu les horizons sur les pratiques. Les gens ils se ramassent seul-e-s devant leurs écrans d’ordi à consommer de la mauvaise pornographie ! On voulait parler de tout ça... et on l’a fait en 54 pages avec de la belle mise en page distribué à des milliers d’exemplaires et disponible gratos sur internet ! Une fois que le texte sur le travail du sexe a été modifié pour être plus neutre, on a réussi à le faire passer.

Miguel : donc là elles nous ont invité dans les camps de formations, à partir des camps de formations, on réussissait à toucher les gens qui étaient un peu partout aussi, elles ont payé le zine, alors qu’on n’avait pas d’argent... D’une certaine manière, on pourrait dire qu’il y avait le côté très visible du P !B, les images, les photos, les vidéos, et nous de nôtre côté on faisait la partie d’aller voir les gens et de dire on jase, on discute avec vous : c’est quoi l’histoire du féminisme ? C’est quoi les questions qui se posent depuis les années 80-90 ? Où est-ce qu’on pense qu’on en est ? Et ce sont des discussions que les gens trouvent super intéressantes, une fois qu’on est dans un contexte où on peut en parler, les gens ils se mettent à en parler, c’est juste qu’il faut donner les conditions, et que c’est plutôt ça qui est difficile. Mais en même temps, certains des ateliers que l’on propose n’ont jamais été demandé encore : « Contre le petit sexisme ordinaire, une pornographie de combat », on a quelque chose autours des discussions sur l’intimité dans les relations hétérosexuelles, on avait quelque sur « sexologie 101, parlons de cul », mais c’est quand même difficile dans un groupe de 20 personnes, des personnes qui ont autours de 20 ans de dire : baissons nos pantalons et parlons-en ! C’est pas super évident non plus.

Désirs

Rémi : comment vous abordiez ces questions d’intimité ?

Bruno : c’est sous l’angle du consentement, c’est souvent de cette manière là qu’on l’aborde.

Miguel : mais en fait, la manière d’aborder les choses, c’est aussi sur ce que les relations intimes font sur les organisations ? C’était de dire si ton association étudiante c’est des mecs qui regardent des films de cul ensemble dans le local et qui font des blagues sexistes, c’est sûr que quand les femmes se présentent, c’est difficile, et puis tu as une espèce de culture sexuelle...

Andréann : du « pointage », qui couche avec qui ?

Miguel : oui d’ailleurs de savoir qui couche avec qui reflète, on pourrait faire le « mapping » des communautés sexuelles à l’intérieur du mouvement et essayer de la superposer avec les manières dont le pouvoir et la hiérarchie passent, en fait, ça marche ! Il faudrait rendre ça plus explicite, plus clair ! Parce que les personnes qui ne tombent pas amoureuses du gars charismatique qui est au centre, qui finit par avoir un truc. Je veux dire, Gabriel Naleau Dubois, il reçoit je sais pas combien de lettres d’amours, d’images sexy, il drive le désir vers lui, et c’est pas nécessairement de sa faute, il fait juste exister, mais il a aussi été choisi parce qu’il était mignon, mais ça créé comme : OUP !

Julie : Mais c’est une charge là, c’est vraiment une charge !

Bruno : et de la même manière, ceux qui ne partagent pas cette sexualité sont souvent laissés de côté, c’est pour ça que le P !B créé ces espaces là de rencontre, qui sont peut-être différents de ceux de l’hétérosexualité... On pourrait ajouter ces gens qui, je ne veux pas parler de gay-refoulé parce que ce n’est pas la bonne expression mais des gens qui sont mal à l’aise dans leurs réseaux sociaux (parce qu’ils n’arrivent pas à vivre les relations qu’ils voudraient) et qui sont aussi en amour avec le chef charismatique mais qui savent qu’il ne se passera rien, donc ils se retrouvent un peu à faire les laquais. Ça nous est arrivé aussi de tomber là dessus.

Miguel : Pour moi, quand on posait la question du désir, c’était aussi d’essayer de réfléchir à qu’est ce que les gens vont vouloir faire quand on ne les oblige pas à le faire, de voir jusqu’à quel point les gens ils sont partants et excités de rentrer dans une structure hiérarchique, de s’entendre dire quoi faire. J’avais une expression pour ça c’est de dire : « avoir des érections du bon bord », si ce qui t’excites c’est la relation de pouvoir en tant que telle mais dans ce cas là, il va falloir que tu le dises, si c’est ça qui t’excites, très bien. Mais maintenant qu’on l’a dit, il y a d’autres types de désirs à côté, et est-ce qu’on peut parler aussi d’autres désirs, parce qu’en fait ce n’est pas tout le monde. Et de les renvoyer aux types de relations qu’ils produisent toujours, mais la question c’est qu’est ce qu’ils font si on ne les empêche pas de faire ?

Marie-Élaine : Quand tu dis « on » ou « les », de qui tu parles ?

Miguel : Ben c’est sur la question de l’hétéronormativité, mais il y a aussi par exemple les tours de paroles hommes-femmes, ou qu’est ce qui va faire qu’une femme va vouloir s’occuper du lien, s’intéresser à comment les autres vont se sentir, et que le gars ce qu’il va vouloir, c’est faire passer son point. Qu’est ce qui fait que spontanément, sans y avoir réfléchi, sans qu’il y ait de conspiration consciente, organisée, il n’y a pas de groupes, mais si c’est ce que les gens veulent faire, donc c’est là dedans qu’ils vont se reconnaître. C’est difficile de discuter de ça, parce que tu as l’impression que ça se pose même avant le choix conscient que la personne peut faire.

Bruno : Dans les ateliers qu’on a organisé on a fait un cocus non mixte, on demandait « les hétérosexuels d’un côté et les non-hétérosexuels auto-identifiés de l’autre ». On était dans un camp féministe et il n’y avait quasiment que des filles, les trois gars qui étaient là sont allés côté hétérosexuels. Du côté non-hétérosexuel, les filles ne s’identifiaient pas nécessairement comme lesbiennes disaient : « je serais ouverte à des expériences avec des filles mais je ne l’affiche pas donc ça n’arrive pas ». La structure binaire (homo/hétéro) limitait en quelque sorte leur prise de parole sur leurs désirs. Donc c’était super intéressant de voir comment certaines formes empêche de dire le désir. Ces cocus non-mixtes là ont vraiment fait ressortir ce côté là de l’hétérosexisme. Le Plan Q permet d’ouvrir ces espaces, même si parfois il faut se battre pour convaincre du bien-fondé de ce qui ressort de la non-mixité.

Andréanne : Oui mais des fois c’est aussi « les femmes, c’est correct, elles vont faire le cocus non-mixte, elles vont se parler », ils acceptent que ça se passe mais ils ne vont pas en profiter eux mêmes pour se poser des questions sur leur propres rapports de pouvoir, et qui ne se sentent pas concernés. Parce qu’ils ne s’imaginent pas que le patriarcat affecte aussi leur vie, et comment ils vivent leur sexualité.
Mais une manière d’aborder ces questions sensibles, « touchy », on demandait aux gens d’écrire leurs questions sur un papier et ensuite on mélange les papiers dans le chapeau et puis on les sort anonymement, au fil de la discussion. C’était une manière d’aborder des sujets sans que ce soit trop exposant.

Miguel : ça nous permettait de nous mettre en risque, en tout cas pour moi, de dire, je suis un être sexualisé qui participe à des, je veux dire, j’en vis du cul ! Je suis capable d’en parler, depuis ma position, mais tout en tenant compte que mon vécu n’est pas majoritaire. Mais quand je parlais des saunas ou des sex party queer, d’espaces socialisés ou les gens vivent de la sexualité de groupe, ça se passe à tel coin de rue et ça a lieu tous les soirs. Pour les sex party queer c’est pas tous les soirs mais les saunas c’est quand même tous les soirs. Et à partir de ça questionner la bonne sexualité entendue comme sexualité conjugale, comme étant valorisée comme un lien qui va être éternel, ou qui authentifie le lien par la relation sexuelle... Et j’ai l’impression que c’est assez généralisé, les gens ne vivent pas leur sexualité comme ça tant que ça, ils idéalisent encore ça, mais ce qui les travaille ce n’est pas ça, en tout cas c’est ce que je pense. Évidemment c’est difficile de savoir, si c’est possible, quoi ! Mais poser des questions comme : qu’est ce que ça veut dire d’organiser une sex-party éthique, où tu vas retrouver différents types de personnes, différents types de pratiques et que même si il y a des désirs qui se confrontent et que tout le monde ne va pas être d’accord, on va être capable de créer des espaces pour que ça puisse être vécu de manière fun ?

Bruno : Mais ce que ça révèle, c’est que les saunas, c’est essentiellement pour les hommes, les femmes n’y ont pas accès.

Julie : A moins d’aller à Toronto tous les six mois !

Bruno : oui je crois que dans les provinces de l’est, dans leur gay pride ils ont quelque chose comme ça. Les lieux de sexe pour femmes c’est vraiment rare au Québec. Il y a aussi cette réflexion là à amener, par rapport au village gay, la ville de Montréal elle présente le village comme une manifestation de la diversité, où il n’y aurait plus d’homophobie à Montréal et où tout le monde serait égal. Alors que dans les faits, si tu y regardes de près, il y a encore un rapport de genre très fort.

Marie-Élaine : Il y a certains corps qui sont légitimés versus d’autres, que ce soit au niveau de la couleur de peau, de la grosseur, l’affluence économique c’est un autre facteur aussi de discrimination.

Bruno : donc ce qui est bien c’est que l’on puisse ouvrir la discussion sur autre chose que le « mainstream », même si cet autre chose reste difficilement accessible à tout le monde.

Julie : On pourrait parler de ce qui s’en vient, de la la prochaine gay pride, du queer contre le capitalisme ?

Marie-Élaine : Oui parce que le logo de la Fierté cette année, et peut-être pour les années à venir c’est un code-barre arc-en-ciel. Donc on est à vendre. On va marcher derrière une bannière dimanche prochain pour prendre position contre l’idée que le salut passerait par la consommation et la marchandisation des identités.

Miguel : la Pride aussi représente comme un fantasme capitaliste de la diversité mais la diversité comprise comme différents marchés les uns à côtés des autres, parce que tant que tu consommes, que ta vie rentre dans le code-barre, que tu peux le scanner et aller l’acheter au magasin, ben ça va aller. Après c’est drôle parce que c’est ce qui remplace l’ancienne codification du désir qui était la codification familiale. Avant, les désirs étaient supposés rentrer dans la famille, c’était l’homme pour sa femme, pour avoir des enfants, mais là ok, on a d’autres sortes de désirs, ça va, tant qu’ils peuvent être transformés en marchandise. Quand on a des désirs, ils construisent des objets pour qu’on puisse les acheter. Par exemple le fetish-cuir, je ne suis pas contre les cultures SM, j’aime ça le voir, j’aime le vivre (quoi que je suis un très mauvais top, torturer quelqu’un j’ai beaucoup de difficultés). Mais c’est le moment où ça s’arrête de devenir une expérience mais ça devient un truc qui coûte 150 piasses (dollars), et je ne peux plus me l’acheter et puis une fois qu’il va être acheté, je vais le porter mais je ne trouverais plus jamais personne pour en faire l’expérience parce que l’expérience a été commise dans l’objet !

Andréann : moi je ferais un parallèle avec le moment où les femmes sont entrées sur le marché du travail, le féminisme a été accepté socialement quand le capital a vu comment il pouvait utiliser les femmes pour se reproduire justement, à l’extérieur d’une cellule familiale, sur un marché du travail qui avait besoin de plus de types de travailleurs. Et après ça, enfermer les femmes dans certains types de travail parce qu’elles sont supposées naturellement faites pour ces travaux là. La question c’est comment le système capitaliste peut te permettre d’exister, d’avoir une visibilité pour autant que tu te mets à son service, ta force de travail, ta forme de consommation.

Bruno : les communautés cuirs, à la base il y avait des groupes qui visaient des valeurs communautaires, de solidarité, c’était aussi à l’époque du sida, mais même avant le sida, il y avait déjà des groupes. A Montréal, il y avait plusieurs groupes qui organisaient un concours, c’était Mr Cuir International, c’était des compétitions amicales, il y avait l’engagement de la personne, les communautés, mais maintenant Mr Cuir est devenu une franchise en fait, les clubs ont fermé et quelqu’un a racheté la marque. Mais à la base, c’était vraiment basé sur l’entraide, sur la masculinité aussi, ça on pourrait sûrement le re-problématiser d’ailleurs, mais c’était aussi comment tu t’occupes de tes amis, comment tu t’occupes de ton copain qui est en train de mourir du sida. Ça a été repris par le capitalisme ça aussi.

Miguel : Mais c’était déjà capitaliste au départ, la forme bar, c’est capitaliste. C’est la forme que ça devait prendre pour exister, ça pouvait pas faire autrement. Mais c’est pas juste ça, il y avait aussi ce qui traversait ces communautés dont tu parles.

Bruno : Les clubs n’étaient pas nécessairement dans les bars, quand je dis club, ça pouvait être des clubs de motos, il y avait une forme de socialisation autours de l’objet du cuir mais ils faisaient passer d’autres valeurs que juste l’objet. C’est vrai que la communauté est tombée pour ne laisser que les objets commerciaux, le bar, la franchise du concours, avec le temps.

Assemblées de quartier

Andréann : je pourrais un peu parler des assemblées de quartier dans lesquelles je vais. Ce que j’essaye de comprendre, c’est que les difficultés ne viennent pas seulement de parler de choses intimes entre les gens, c’est aussi d’utiliser nos désirs sur des formes d’expressions qui ne sont pas des formes figées de politique, du genre écrire des tracts comme on les écrivait dans les années 70, ou organiser des manifs comme dans les années 70. En prenant l’exemple de l’assemblée d’Hochelaga en ce moment, et c’est assez intéressant parce que chaque assemblée a été organisée d’une façon différente. Les gens qui l’organisent essayent de réfléchir à une façon qui soit pas plate, qui soit pas une reproduction des assemblées générales avec l’espèce de code Morin, (code de procédures syndicales d’assemblées générales modifié et utilisé par les étudiantes et les étudiants), qui nous impose un code de procédure vraiment ennuyant, qui bloque l’expression spontanée de certaines volontés. Chaque assemblée a été différente, chacune a été chiante à certains niveaux, mais chacune a été intéressante à d’autres niveaux. Les plus chiantes, c’était quand des gens de bonnes volontés animent une réunion selon ce qu’ils connaissent, et ce qu’ils connaissent c’est ce code de procédure-là. Ces codes, ils ont été créé dans l’objectif de permettre à tout le monde de s’exprimer mais dans un cadre qui empêche les débordements, qui empêchent de perdre le contrôle de l’assemblée, pour absolument arriver à des décisions qui nous permettent d’agir dans certaines volontés anarchistes et/ou maoisantes. Toute cette folie là autours de la procédure, en tout cas moi, ça me fait capoter. Mais je vais donner un exemple très précis. On a eu une assemblée, c’était la troisième, où il y avait des gens qui voulaient qu’on parle de chiffres : « 50% + 1 pour quand on vote pour une action, mais 75% + 1 pour quand on vote pour une position de principe », de là on a eu une discussion pendant super longtemps sur les chiffres, donc les discussions c’était « on ne veut pas nécessairement tendre vers le consensus parce que ça atténue les fractures, donc il faut le chiffre, il faut pouvoir trancher ». Et à la fin de cette discussion interminable on se demande : « mais qu’est ce qu’on veut faire de cette assemblée ? » « Qu’est ce qu’on fait par rapport à la grève, par rapport au Cégep qui est dans notre quartier, qui est très militant, comment on peut les aider sur leurs lignes de piquetage ? Quelle manif on peut organiser en soutien ? Et c’est là que c’est devenu vraiment intéressant parce qu’on est tombé dans comment on organise cette manif’ là ?, c’est quoi les risques que les gens sont prêts à prendre ? Est ce qu’on est prêts à tenir si les flics avancent ? Est ce qu’on veut que ce soit familial ? Et là la discussion, j’ai rarement vu une discussion aussi intéressante, pendant une heure à discuter de - comment on s’organise ? Pourquoi on fait les choses ? Et on est arrivé finalement à une position unanime ! Alors que l’heure d’avant on l’avait passée à se demander le pourcentage de gens qu’il faudrait pour prendre une décision ! Et ce qu’il se passe ensuite, ça n’a plus rien à voir avec ça, les gens font juste parler de leurs peurs, de leurs doutes, de leurs volontés, de leurs désirs et on arrive à une position unanime même s’il y a quand même des dissensions, mais on en tient compte, et au bout on arrive à une méga-proposition où on arrive à se mettre d’accord jusqu’à ce qu’il y a à mettre sur le tract. A cinquante personne j’ai jamais vu ça, et ça c’est parce que les gens étaient disposés à, mais c’est aussi grâce à l’animation aussi qui n’était pas trop à cheval, parce que ces assemblées là sont en construction et sont flexibles : on a juste des tours de paroles, premier tour, deuxième tour, troisième tour, et tous ceux et celles qui voulaient parler ont pu le faire, où les gens ont pu exprimer leurs doutes, leurs passions, etc. Et ça pour moi, c’est une démonstration de quand on adapte des cadres pas trop rigides, on réussi à un petit peu ouvrir la porte, à organiser des choses qui ne sont pas planifiées à l’avance, où les gens se disent « allez, il faut faire passer notre point », « créer les procédures qui sont le plus à même de faire passer nos points », ou « moi je suis une tendance minoritaire donc je vais avoir avantage à ne pas être pour le consensus sinon ce que je porte, ça ne va jamais passer » et ce genre de trucs qui sont captés dans les dispositifs qui sont mis en place selon les tendances. Finalement les gens qui s’impliquent dans les assemblées et qui ne sont pas issus du mouvement étudiant, ou qui ne sont pas d’une tendance politique précise, eux ils ne vont rien comprendre à ça et ils ne vont pas vouloir se mêler de ça, donc là on va créer des assemblées qui ne sont pas accessibles et on se retrouve encore dans notre milieu militant. Après qu’on ait pris cette décision, qu’on se soit dit « organisons cette manif », je me suis retrouvée confrontée à ça dans l’écriture du tract, qu’est ce qu’on met dans ce tract là ? Parce qu’on avait donné les grandes lignes dans l’assemblée et il y a des gens qui se sont proposés pour écrire le tract, pour appeler les gens du quartier à venir à la manif. Je me retrouve devant un premier jet que je trouve plate, moral, dans le fond, on appelait les gens à se mobiliser du genre « c’est notre devoir, parce que les étudiants ont besoin de nous », mais sans faire le lien, moi j’aurais envie de mobiliser, je sais pas moi mais c’est pas parce qu’on me demande moralement de me bouger que je me bouge les fesses, au contraire, je suis anarchiste et je me pose systématiquement la question de pourquoi on me demande de faire des choses. Moi, ce qui m’importe c’est qu’est ce qu’il se passe dans mon quartier, la gentrification, le pouvoir municipal essaye systématiquement de modifier le paysage urbain pour mieux contrôler, pourquoi est ce que ça ça rentre pas dans le même genre de volonté de contrôle que l’Etat ? De l’expliquer sans que ce soit une grosse analyse marxiste ou anti-capitaliste, si on est capable de se poser les questions de qu’est ce qui fait que moi là, mon expérience, je me bouge les fesses, comment j’amène ça aux gens sans que ce soit rigide. Et donc je me heurte souvent aux gens quand j’amène ces questions là parce que ça fait peur de se demander ce qu’on veut vraiment et ce pourquoi on bouge ! Parce qu’aussi ce n’est pas si rationnel que ça, admettre que ce n’est pas si rationnel que ça c’est se reposer la question de la cohérence, de pourquoi on agit. C’est angoissant d’amener ces questions là dans des structures aussi rigides, dans les endroits où les gens sont plutôt prêt à reproduire certains types d’organisation entre eux, qui ne se posent jamais les questions entre eux de savoir quelles sont leurs dynamiques, leurs rapports de pouvoir, et comment ça joue sur ce qu’ils font, sur comment ils s’organisent et aussi sur ce qu’ils écrivent. Et c’est sûr que là on touche à des sensibilités, à des choses auxquelles les gens ne préfèrent pas réfléchir. Jusqu’à quel point le système dans lequel on vit on le reproduit dans notre incapacité à nommer ces désirs là parce qu’ils sortent des cadres, ils sortent des normes même qu’on créé nous même dans nos propres groupes, ce sont des freins à la révolution et à la création. Mais ce que je remarque quand même de plus en plus, par rapport aux dernières années, c’est que les gens ont de plus en plus envie de discuter de ces choses là, parce qu’on a tous ces espaces là où ça devient possible d’en parler sans mettre en cause notre réputation !

16 février —> Le P !nk participe au blocage du Centre de Commerce Mondial.
23 février, 22 mars, 22 avril, 22 mai —> Participation aux manifs nationales de la CLASSE.
28 février —> Les hausses on en veut plus, les slogans pro-viol non plus ! Communiqué de dénonciation des slogans pro-viol et homophobes dans les manifs’.
1er mars —> Participation du P !nk Bloc à la manif’ à Québec.
8 mars —> 1re édition de la marche allumée féministe queer (RE)VIVRE dans la nuit.
18 mars —> Freaky Family. Participation de nos « familles » queers avec la fanfare anarchiste dans la « manifestation familiale » de la CLASSE.
21 mars —> Contingent anti-masculinistes dans la manifestation contre la récupération des discours féministes par la CLASSE après la démission du comité Femmes.
28 mars —> Illégale ! Atelier de création de masques illégaux après l’adoption de la loi anti-masque.
30 mars —> GGI = Glitter, Glamour Intergalactik Party féministe et queer pour se remettre des manifs des derniers jours.
13 avril —> Grève + lèvres. 1er french-o-thon contre la hausse des frais.
1er mai —> manif du 1er mai historique contre la casbah capitaliste.
22 mai —> P !nk Bloc dans la manifestation nationale de la CLASSE ( plus grosse manif’ de l’histoire du Québec ! ).
15 juin —> Genre de grève ! Manifestation travestie contre la répression policière et pour un accès gratuit aux études.
8 août —> Show de drag queens au Cabaret Mado, levée de fonds pour les arrêté-e-s de la grève.
8 août —> Atelier à Pervers/Cité sur le P !nk Bloc et la grève étudiante.

[1Pour plus d’info sur PolitiQ - Queers Solidaires : http://politiq.wix.com/politiq

[2Le site des Panthères Roses : http://www.lespantheresroses.org/accueil.html

[3La CLASSE (Coalition large de l’ASSÉ) est une coalition temporaire créée autour de l’ASSÉ afin de lutter contre la hausse des frais de scolarité et de coordonner la grève générale illimitée de l’hiver 2012.

[5Sur l’Assemblée Populaire Autonome d’Hochelaga-Maisonneuve, voir : http://www.apahochelaga.org/

[12Comité Femmes de l’ASSÉ : https://www.facebook.com/femmesasse.

[13Pour plus d’information sur la loi 78 : http://www.bloquonslahausse.com/informations-legales/loi-78/. Pour rire un peu, vous pouvez aussi consulter www.arretezmoiquelquun.com

[14Le Plan Nord est une proposition gouvernementale de développement des infrastructures du territoire nordique du Québec afin de favoriser l’exploitation des ressources naturelles et minières par différentes compagnies. http://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Nord

[17En fait, c’est par la CJMLH que le projet a été initié auprès de l’ASSÉ, grâce à une prise de position contre l’homophobie prise au congrès du printemps 2010. Sur la Coalition jeunesse : http://www.coalitionjeunesse.org/wp/

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